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Analyse de Star Trek XI par Yves Raducka

Voici la seconde des analyses faites par notre estimé confrère Yves Raducka après la vision de Star Trek XI.Je le remercie pour son invitation à diffuser ces deux analyses sur notre site.
Le film de J.J. Abrams ne perpètre donc aucune véritable violation des canons grâce à l'astuce de la trame temporelle alternative - les quelques discordances canoniques évoquées ci-avant relevant plus de nitpicking que d'incohérences flagrantes.

En revanche, comme le montre mon résumé commenté, ce film enchaîne en flux tendu une kyrielle d'invraisemblances, conduisant à un manque global de crédibilité. Et ce film pèche aussi et surtout par une pauvreté scénaristique et narrative, par une violation dramatique de l'esprit trekkien cultivé durant 40 ans, et accessoirement par des légèretés scientifiques indignes de l'habituelle rigueur trekkienne.

II - L'aspect scientifique, juste en passant

La science de Star Trek postulait dès l'origine une extrapolation des sciences physiques contemporaines – qui rappelons-le sont essentiellement prédictives -, dans le but de rendre possible les voyages interstellaires dans des délais raisonnables et sans dilatation temporelle significative entre référentiels. Les concepts de subspace (espace distinct de l'espace normal au gradient variable et où c n'est plus la causalité) et de distorsion (manipulation de l'espace), bien que non prédits par les sciences d'aujourd'hui, permettent de contourner les limites des transformations de Lorentz sans jamais les violer, et assument donc la relativité restreinte, tout comme la téléportation trekkienne assume le principe d'incertitude d'Heisenberg.

Nombre d'anomalies spatiales et temporelles furent rencontrées aux gré des aventures trekkiennes sur quarante ans, mais aucune d'elle n'avait de lien avec les phénomènes spatiaux prédits par les sciences contemporaines, et leurs propriétés étaient en quelques sortes libres de droits. Toutefois dès lors qu'il était question de phénomènes observés ou prédits par les sciences physiques, Star Trek s'est toujours employé à les respecter (formations des systèmes solaires, classes d'étoiles, gamma ray bursts, trous de vers, trou noir…). De toute la franchise, seul l'épisode Star Trek Enterprise 02x09 Singularity (Anarchie sur l'Enterprise) avait véritablement figuré un trou noir, sa représentation fut fidèle (disque d'accrétion…), et la préoccupation de l'équipage était surtout de s'en approcher le moins possible.

Or le film de J.J. Abrams et sa BD prequelle ont fait régresser Star Trek à une époque très antérieure à sa création en 1964, à dire vrai jusqu'à l'ère des pulps, en ignorant toutes les résultantes de la relativité générale (puits gravitationnel extrême auquel rien ne survit, vitesse de libération supérieure à c, disque d'accrétion, dilatation temporelle) pour faire d'un trou noir une porte temporelle que les protagonistes traversent sans dommage (Spock et Nero).

Autre invraisemblance scientifique, la super nova Hobus (à l'origine de la destruction de Romulus à la fin du 24ème siècle et de la soif de vengeance de Nero) que l'on présente comme sujette à une expansion infinie jusqu'à embraser tout la galaxie ! De quoi vraiment se gausser…

Il aurait finalement été très simple de nommer ces phénomènes différemment pour éviter de tels affronts directs aux acquis scientifiques. Mais probablement, il était commercialement plus racoleur d'utiliser les dénominations trou noir et supernova quitte à ruiner la nécessaire suspension d'incrédulité de toute SF sérieuse.

Et c'est sans revenir sur le saut orbital vertical, véritable insulte à l'orbitographie…

Ce ne sont vraiment pas des cadeaux que Orci et Kurtzman ont fait là à la crédibilité de Star Trek, qui - en dépit de ce que certains pensent - est plus grande dans les milieux scientifiques que celles de la plupart des autres SF audiovisuelles.

Mais je ne m'étendrai pas plus sur ces questions, car comme le dit J.J. Abrams, Star Trek n'est pas une histoire de science et de technologie…... au contraire de ce que qu'osa avancer Stephen Hawking apportant sa caution à la franchise au point d'y avoir joué son propre rôle dans le holodeck de l'Enterprise D (Star Trek TNG 06x26 Descent (Descente aux Enfers)).

Venons-en donc à la vocation-même du film, qui est aussi hélas son plus gros problème.

III - Une violation non pas des canons mais de la crédibilité

Le manque de crédibilité tient à la politique de recyclage sans subtilité des classiques de la franchise, à la légèreté des mécanismes sociaux et comportementaux, et à l'inconséquence tonale des drames.

Je ne m'étendrai pas sur l'interprétation, estimant lui avoir déjà accordé suffisamment d'importance dans la critique-dialogue. Quelle que soit la qualité de la prestation de Chris Pine, et les efforts des autres acteurs, moins convaincants mais généralement honorables, aucun d'entre eux n'a été véritablement mis en valeur dans le film tellement les dialogues sont étiques et mal écrits. Et c'est très dommage car il est évident que les comédiens ont fait tout leur possible pour simuler les personnages de Star Trek TOS. Mais la grande victime de l'indigence d'écriture du film est Eric Bana, bon acteur pourtant, mais dont le personnage n'est même pas un classique méchant bidimensionnel de blockbuster, mais carrément un méchant strictement monodimensionnel. Tout le ressort de son personnage se réduit à « je suis méchant parce que ! » et « je veux me venger parce que ! », et sa "méchanceté" est restituée essentiellement par un visuel comicsien (tatouages, grimaces, mimiques grossières), et une série de hurlements. Dans le palmarès des personnages dénués de tout intérêt, il n'existe pas un seul personnage de tout l'univers canonique de Star Trek à être arrivé à la cheville de Nero. C'en est presque fascinant.

Une dizaine d'années avant Star Trek TOS, avant même que l'équipage de l'USS Enterprise ne soit formé, et de surcroit dans un univers parallèle totalement bouleversé, tous les personnages de Star Trek TOS interagissent déjà les uns avec les autres, et ils sont les seuls à occuper l'intégralité de leur espace d'évolution : les rencontres se font uniquement entre personnages de Star Trek TOS, c'est Pike qui fait entrer Kirk dans Starfleet, c'est Spock qui programme de Kobayashi Maru et dénonce la fraude de Kirk, les héros de l'Enterprise sont les seuls à comprendre le plan de Nero, Pike endure ici exactement ce que Chekov endurera dans Star Trek II : The Wrath Of Khan, Spock et Sarek reproduisent au mot près leurs échanges les plus emblématiques de Star Trek TOS, c'est avec Spock que Uhura a une relation sentimentale, Kirk tombe sur Spock-Nimoy dans un coin perdu d'un univers gigantesque par le plus improbable "hasard"… En somme, l'univers entier semble avoir été fabriqué de toute pièce uniquement pour garantir la rencontre et les interactions entre les personnages cultes de Star Trek TOS au mépris de toute probabilité, pour leur servir sur un plateau d'argent une destinée exceptionnelle, et pour être sauvé ensuite par eux en signe de reconnaissance. Par-delà les superpouvoirs qui ne sont finalement qu'une option, c'est bien par la totale subordination d'un univers à ses personnages que l'on définit les super-héros. C'est littéralement une scène de guignols dans un monde clos où tout est permis. Et un tel univers perd de ce fait toute vraisemblance et toute complexité.

Il en est de même avec les relations d'amitié, celles-là même que les auteurs et les critiques portent perpétuellement aux nues. Les derniers films de Star Trek TOS et un épisode comme Star Trek Voyager 03x02 Flashback révélaient avec une immense vérité que la solidité et la profondeur des liens qui unissent les personnages de Star Trek TOS sont le fruit d'une vie d'épreuves communes. Que c'est à la faveur du vieillissement et des nombreuses expériences vécues ensemble sur le long terme – tout particulièrement celles mises en scènes dans Star Trek TOS et probablement d'autres aussi -, que les alchimies se sont développées, que les affections mutuelles son nées. Et en effet, ces alchimies n'étaient pas présentes d'emblée dans les premiers épisodes de Star Trek TOS. La marque de vraisemblance à laquelle s'est attachée Star Trek TOS, Star Trek TAS et les six films qui ont suivi, résultait de n'avoir en fait jamais cherché à provoquer artificiellement de telles interactions, mais de les avoir laissé venir à la faveur des histoires racontées. C'est une distinction fondamentale.

Tout à l'opposé de cela, le film de J.J. Abrams tente en deux heures de prendre les raccourcis les plus grossiers pour faire naître ces amitiés à l'occasion de collaborations prétextes, bâclées et artificielles, là où il n'y a nul chemin naturel de vie, mais juste un cahier des charges à honorer. Résultat des courses, même si les caractérisations des personnages se rapprochent dans une certaine mesure de celles de Star Trek TOS, même si l'interprétation de Chris Pine est en soi irréprochable, que Zoe Saldana a du charisme, et que Karl Urban et Zachary Quinto font ce qu'ils peuvent, leurs introductions et leurs interactions sont du chiqué. A l'instar de Spock et Sarek qui font autant évoluer leur relation en une heure et demie de film (correspondant à quelques jours maximum dans l'histoire) qu'en une vie entière dans l'univers originel, J.J. Abrams prétend résumer des interactions forgées par des années de vécu en moins d'un couple d'heures narré presque en temps réel !

Et c'est précisément l'une des facilités du film. Il a l'ambition de capturer en deux heures l'essentiel de Star Trek, et finalement il n'en restitue que des clichés et des slogans.

Le film de J.J. Abrams n'a absolument rien apporté par lui-même, tant en matière de personnages, d'interactions, que de thématiques et de ressorts. Comme l'illustre mon résumé commenté, ce film se contente d'aligner ostentatoirement, non pas des références, mais des emprunts – à la limite de la plagiat pour manque d'inspiration – aux plus estimables volets antérieurs de Star Trek, ainsi qu'à Star Wars (parce que c'est plus "cool " comme l'ont plus d'une fois asséné les auteurs). Et avec ces innombrables morceaux d'emprunts, le film réalise un patchwork, pour ne pas dire un collage façon Andy Warhol et Pop Art… évidemment sous le couvert bien pratique de l'hommage. Le film ne possède rien en propre (hormis bien sûr sa mise en scène et ses superbes CGI), tout n'étant que pièce rapportée.

Ces "marques d'enracinement" font l'effet d'une quête de légitimité outrancière, comme sil s'agissait de masquer par le zèle et l'excès la nature véritable du film. On s'approprie un maximum de propos antérieurs ultra-resucés que même le moins trekker des spectateurs connaît, histoire de convaincre tout le monde qu'il s'agit bien de Star Trek, et on a ainsi le champ libre pour faire du J.J. Abrams à la place…

La martialité enfin, ou les auteurs semblent avoir totalement perdu de vue que Starfleet est une armée, et de surcroit l'armée d'une société très civilisée. Starfleet n'est ni une ONG, ni l'armée romaine, ni l'armée révolutionnaire d'un Far West cosmique. Elle repose sur des règlementations, des protocoles, et des préséances. On ne s'empare pas du poste de capitaine juste par ce que l'on est un cadet charismatique et qu'on s'appelle Kirk alors qu'il existe comme dans tout corps constitué un ordre de succession clairement établi. On ne se fait pas directement promouvoir capitaine de vaisseau depuis le grade de cadet, et l'on ne se fait pas confier le commandement du vaisseau amiral de Starfleet à l'âge de 25 ans, même pour un éminent acte de bravoure, même parce l'ambiance est fun sur la passerelle. Dans l'univers originel, tous les capitaines de Starfleet et la plupart de leurs subordonnés ont accomplis de semblables actes de bravoure durant leur carrière, et cela ne leur valut aucune promotion-raccourci pour autant, pas même forcément de décoration. La promotion spectaculaire de Kirk en troisième année de Starfleet Academy n'est portée par aucun souci de vraisemblance, mais juste par la volonté de glorifier les personnages cultes de Star Trek TOS dans une société bâtie uniquement à leur usage. A croire que J.J. Abrams a pris pour modèle les quatre empereurs romains Galba, Othon, Vitellius, et Vespasien pour figurer l'investiture de l'imperator Kirk par acclamation générale…

S'inscrivant dans l'effet de mode "jeunesse des héros" ou "comment la Dream Team s'est constituée" façon The Magnificent Seven (Les sept mercenaires), le film de J.J. Abrams pratique une infantilisation des lois causales et des relations humaines. Les amitiés comme les promotions militaires semblent relever du jeu où rien n'est vraiment sérieux, et l'ensemble sonne faux et parait artificiel. Kirk joue à être le capitaine, Spock joue à être vulcain, les héros jouent à Starfleet, les destins sont pipés, et l'univers est une maquette miniature. Le film prétend ainsi organiser des rencontres factices et forcées entre personnages de légende dans une émulation infantile aux accents de bac à sable. Cela révèle probablement le peu d'estime que les auteurs portent à un univers qu'ils perçoivent - consciemment ou pas - comme naïf et enfantin, estimant que les fans s'y reconnaîtront. Tout l'univers gravite autour des héros revisités, comme dans l'esprit d'un enfant qui se croit toujours au centre de l'univers… un univers de portée galactique qui se réduirait invariablement à un même petit cercle de potes. L'immensité spatiale n'est plus que la voûte prétexte, ornée de petites lumières clignotantes, d'un univers salle de gala, où les quelques VIP qui comptent ne sauraient faire autrement que de se croiser encore et encore…

Au mieux, ce film s'apparente à un prequel pour super-héros, qui aurait peut-être eu sa place dans les univers de DC ou de Marvel, mais surement pas dans celui de Star Trek.

Appelons donc les choses par leur nom, le Star Trek de J.J. Abrams est tout simplement… un Star Trek Babies, et rien de plus.

IV - Une violation non pas de la lettre mais de l'esprit

Parmi les nombreuses particularités de l'esprit Star Trek, il en est une plus exceptionnelle que d'autres : l'absence quasi-totale de manichéisme. Si la vocation première de Star Trek est l'exploration et non l'affrontement, il arrive parfois au gré des époques et des séries de la franchise que les protagonistes soient confrontés à des périls. Mais ceux-ci relèvent toujours de divergences d'intérêt ou d'idéologie, d'incompréhensions ou d'incompatibilités d'entendement, de lois physiques ou naturelles (forces, prédations…) qui ne peuvent se mesurer sur l'échelle du bien et du mal.

Les films Star Trek - au contraire des séries – ont parfois assujetti cette spécificité trekkienne aux lois du marché par l'introduction de "méchants", mais ceux-ci s'avéraient toujours suffisamment complexes et tridimensionnels pour susciter à la fois empathie et distanciation, et éviter l'opposition ultra-galvaudée "gentils" versus "méchants".

Ainsi, l'univers Star Trek est l'un des très rares de la SF à ne pas connaître intrinsèquement la notion de "bien" et de "mal", et à être totalement épargné par le concept invasif et paupérisant de mal platonicien, dont l'absence caractérise foncièrement l'esprit trekkien. Mais le film de J.J. Abrams aura commodément ignoré cette spécificité trekkienne pour lui préférer le niveau zéro de la SF : la mise en scène d'un combat stérile et manichéen entre les "gentils héros" et une parodie de "méchant absolu" aux motivations autoalimentées.

En multipliant les coïncidences les plus invraisemblables pour garantir la rencontre et l'amitié d'un noyau de sept personnes dans un univers pourtant bouleversé et orphelin de six milliards de Vulcains, le film de J.J. Abrams suggère - sciemment ou pas - un messianisme prophétique voire l'existence d'une force invisible gardienne des destinées, qui protégerait et guiderait les héros de Star Trek TOS quelles que puissent être les altérations cosmiques.

La rencontre pseudo-hasardeuse du vénérable Spock-Nimoy et du jeune James T. Kirk sur la planète isolée Delta Vega ne ressemble-t-elle pas étrangement à la rencontre prédestinée du vénérable Yoda et du jeune Luke Skywalker sur la non moins isolée Dagobah (Star Wars V : The Empire Strikes Back) ? Il ne manque plus que l'introduction explicite par Spock-Nimoy d'une "force" ou autre "Schwartz" (Spaceballs (La folle histoire de l'espace))...

Il s'agit là d'une doctrine spiritualiste New Age qui prospère en heroic fantasy, à l'instar de The Lord Of The Rings et de Star Wars, mais qui est fondamentalement étrangère à l'esprit trekkien ! La philosophie de Star Trek s'est toujours bien gardée de concurrencer les croyances et les religions humaines en se refusant à une quelconque révélation métaphysique universelle, y compris lors de rencontres avec des entités omniscientes et omnipotentes tel Q.

L'absence de révélation universelle va d'ailleurs de pair avec l'absence de mal platonicien. Mais il est malheureusement à craindre que ces notions philosophiques au cœur du trekkisme échappent totalement à l'équipe scénaristique de J.J. Abrams… alors qu'elles n'échappaient absolument pas aux équipes de Gene Roddenberry et de Rick Berman…

A la fin du film, Kirk provoque la stupéfaction de la passerelle de l'Enterprise en proposant de sauver Nero et son équipage ! Et voilà comment - mine de rien - Kirk prétend fonder l'humanisme des protocoles de Starfleet, suggérant qu'il n'en était pas ainsi avant lui, tout en faisant rire la salle de l'abandon de Nero au trou noir.

Or Kirk avait la possibilité de téléporter l'équipage du Narada, et il ne l'a pas fait, soi-disant pour respecter la volonté de Nero. Seules les têtes d'affiches sont considérées comme ayant le droit de choisir de vivre ou de mourir, et d'en décider pour les pantins qui les servent ; c'est encore pire que les red shirts de ST TOS pourtant si raillés, c'en est à l'aune des sbires des grands "méchants" de James Bond (qui meublent les couloirs et meurent lorsque la base explose).

Pourtant en pareil cas, il est du devoir du commandant de l'Enterprise de sauver un maximum de vies - même ennemies - tant que cela ne met pas en danger son équipage. Car dans la société humaniste de la Fédération - remontant à bien avant la naissance de Kirk - toute vie mérite d'être sauvée, y compris celle du pire criminel. Et par-delà l'humanisme, les vies de Nero et de ses lieutenants méritaient également d'être sauvées au nom de la justice, afin de livrer aux autorités ceux qui ont exterminé six milliards de Vulcains.

Voilà donc l'une des plus emblématiques illustrations de l'opération réalisée par JJ Abrams !

Sous couvert d'humour cool, les auteurs tentent d'imputer abusivement au super-héros Kirk une politique qui existe pourtant depuis plus d'un siècle. Et sans en avoir conscience, ils mettent finalement en scène une authentique violation de cette même politique en laissant commettre à Kirk un acte criminel tant envers des vies - même coupables - qu'il aurait pu sauver, qu'envers le génocide de six milliards d'innocents privés à jamais de rétribution judiciaire.

Ce qui revient à balayer d'un revers de main tout l'héritage de la série Star Trek : Enterprise et l'acte fondateur humaniste d'une Fédération vieille de 97 ans au seul profit d'une marque d'humour volée et d'une innovation usurpée.

Avec le film de J.J., jamais l'anthropocentrisme triomphant et méprisant n'aura été aussi grand.

Plus d'une fois en 40 ans dans l'univers canonique de Star Trek, la Terre fut la cible de diverses menaces, et il fut toujours souligné que la Fédération serait mise à genoux si la Terre était détruite.

Il était alors permis d'espérer que le film de J.J. nous rappellerait par la destruction de Vulcain que les Vulcains en tant que peuple, société et puissance politique, étaient au moins aussi importants que les Terriens pour la Fédération.

Or le film aura en fait démontré exactement le contraire : l'univers trekkien se porte aussi bien sans Vulcain, et l'aventure continue comme si de rien n'était !

Formulé plus crûment, est-ce que Star Trek privé de 6 milliards de Vulcains et sans la planète Vulcain, mérite encore le nom de Star Trek ? N'est-ce pas brûler tous les ponts avec l'univers de Star Trek TOS-TNG-DS9-VOY afin de ne jamais plus y revenir ?

Et finalement cet holocauste ne prépare-t-il pas le terrain à autre chose ? Réduire la civilisation vulcaine à un 10 000 survivants, essentiellement quelques "sages", dépositaires de la "vulcanité ancestrale", permettra de continuer à agrémenter les plaisanteries humaines que ne manquera pas de recycler J.J. Abrams dans ses prochains films, et offrira l'opportunité de doter la diaspora des ultimes Vulcains de la hiératique et initiatique fonction de Jedi, un concept crypto-campbellien hérité de Star Wars et qui pollue la plupart des SF contemporaines en mal d'inspiration.

Le génocide de tout un peuple, de toute une race, est certes dans l'air du temps en SF. Mais lorsque la troisième saison de Star Trek : Enterprise saisissait les vertiges d'une humanité au bord de l'abime et donnait un prix considérable à sa survie, et lorsque le Battlestar Galactica de Ronald D Moore figurait la désespérance indicible des ultimes rescapés des douze colonies de Kobol, le Star Trek de J.J. Abrams fait de l'extermination du peuple le plus emblématique et inébranlable de tout l'univers de Star Trek... une simple journée de travail, avant de tourner la page pour vivre de nouvelles aventures dans la joie et la bonne humeur !!!

Est-ce vraiment ça que l'univers de Star Trek méritait ? Saborder ses fondements, banaliser l'atrocité, renier ses valeurs humanistes, pratiquer une xénophobie par omission... pour un peu d'humour hollywoodien (que l'on appelle communément "les vannes à deux balles") et d'"alchimie" à la Beverly Hills ?

Car c'est bien de xénophobie qu'il s'agit !

Lorsque le Spock-Nimoy venu de l'univers originel est méconnaissable et qu'il prône les émotions contre la logique, l'humanité contre la vulcanité, lorsque le jeune Spock vit ses bagatelles d'ado comme n'importe quel Terrien (pis avec une subalterne) et s'avère plus émotif et assurément plus violent qu'un humain, lorsque Sarek parle et se comporte comme n'importe quel vénérable Terrien, c'est l'expression de l'irrespect des auteurs envers un système de pensée autre qu'humain (plus précisément occidental contemporain) dont ils ont été incapable de mesurer toute la spécificité, soit le triomphe de l'impérialisme humain (occidental contemporain) comme seul système de pensée valide pour tout l'univers. Un impérialisme contre lequel s'était justement élevé Gene Roddenberry en créant la série Star Trek TOS et qui fut dénoncé tout au long de la franchise notamment via l'univers miroir, de Star Trek TOS 02x10 Mirror, Mirror (Miroir) jusqu'au diptyque unanimement acclamé Star Trek Enterprise 04x18+04x19 In A Mirror, Darkly (Le côté obscur du miroir). Le salut des ultimes Vulcains réside pourtant dans la mémoire, et non dans l'auto-négation. Un second anéantissement semble être en marche, plus doux et insidieux : la dilution dans l'humanité triomphante de tout ce qui faisait la singularité et la fierté vulcaines… Mais d'ores et déjà, le film de J.J. Abrams a réussi à transformer les Vulcains en de simples humains un peu coincés et coiffés d'oreilles pointues ! Et il se trouvera probablement des spectateurs pour applaudir à l'humanisation des Vulcains, car quoi de mieux que de devenir humain, n'est-ce pas ? Etant donné que toutes ces initiatives affectent et ruinent le premier peuple extraterrestre imaginé par Gene Roddenberry, devenu au fil des décennies le symbole même de la franchise, comment ne pas y voir une violation de "l'esprit de Prime Directive" - le respect de chacun dans ce qu'il a d'unique - c'est-à-dire la philosophie première de Star Trek.

Quand J.J. Abrams et son équipe scénaristique ne cessent de répéter dans leurs interviews que leur film est positif et optimiste alors qu'il est question d'un génocide qui n'a rien à "envier" à celui de BSG si ce n'est qu'il ne touche pas des humains, quand six milliards de Vulcain disparaissent sans que jamais le film n'en fasse mesurer le poids au spectateur et que l'aventure continue ensuite comme si de rien n'était… c'est l'expression du mépris des auteurs envers des formes de vies autres qu'humaines, soit une forme perfide de racisme. Imaginons un instant que le film de JJ Abrams se soit achevé par l'extermination de six milliards de Terriens, eh bien jamais ses auteurs n'auraient osé le présenter comme positif et optimiste !

N'est-ce donc pas là, plus que jamais, la négation même de l'esprit humaniste trekkien, de l'IDIC, du respect de l'autre comme de soi-même, des différences qui nous enrichissent ?

Mais peut-être le pire dans tout cela, c'est que les auteurs n'ont probablement même pas conscience de la xénophobie et du racisme intrinsèques qui transparaissent dans leur film. L'impérialisme occidental imprègne tellement leur pensée que l'extermination de six milliards de Vulcains ne constitue même pas un léger nuage ombrant l'univers riant né de la défaite de Nero et le film merveilleusement positif qu'ils sont convaincus d'avoir créé !

A mon sens, de toutes les faiblesses, maladresses, incohérences, et violations que ce film cumule, celle-ci est de loin la pire !

V - Utilité commerciale du film ?

Star Trek Babies est-il ce film messianique qui "sauvera" l'univers Star Trek d'une "décadence" imaginaire ?

Qualitativement, il n'y a jamais eu de décadence.

En terme de vitalité de la communauté des trekkers, il n'y a jamais eu de décadence non plus, comme l'a prouvé l'incroyable mobilisation des fans pour sauver la série Star Trek : Enterprise en 2005 : ce lobbying fut historiquement sans équivalent, et parvint à amasser plus de trois millions de dollars de donations individuelles !

En terme d'audiences, il y eut en effet un dépérissement progressif, entamé depuis Star Trek : First Contact, mais en partie imputable à l'abandon de la syndication au profit de la diffusion sur la télé-poubelle UPN…

Il est donc probable que Star Trek Babies fasse son office commercial, y compris en France étant donné le soutien critique que la presse lui apporte d'ores et déjà.

Revenir aux sources (c'est-à-dire à Star Trek TOS) pour rebooter l'univers de Star Trek a été presque unanimement salué par les experts et les professionnels comme le "right move". La mode du remake normalisée par les comics est tellement ancrée dans l'imaginaire collectif qu'il semble naturel aux yeux de tous que l'univers Star Trek passe aussi à cette casserole.

La préservation d'une cohérence profonde sans recast durant 40 ans aurait pourtant dû permettre à cet univers pas tout à fait comme les autres de bénéficier d'un régime d'exception.

Car l'identité de Star Trek ne consistait pas à glorifier un petit groupe de (super-)héros sauveurs de l'univers, et en pratiquer périodiquement le recast et le remake à la façon de Batman. L'identité de Star Trek consistait à explorer, à bâtir, et à philosopher, tout en tissant progressivement une histoire du futur aussi consistante et cohérente que celles de Isaac Asimov (avec le cycle Foundation), de Robert Anson Heinlein (avec le cycle Future History), et de Frank Herbert (avec le cycle Dune).

Et toute la grandeur et l'ambition du Star Trek originel s'était révélée lorsque l'une des protagonistes, Kira Nerys, déclara un jour, dans Star Trek DS9 02x23 Crossover (Entrelacs) ne jamais avoir entendu parler de Kirk ! Star Trek avait tout simplement osé faire de James T Kirk un capitaine parmi d'autres, presque oublié par l'histoire.

Mais J.J. Abrams, lui, s'est bien assuré que Kirk ne devienne pas un capitaine parmi tant d'autres dans une vaste et complexe histoire du futur. Avec J.J. Abrams, l'histoire du futur s'arrête à Kirk et fera désormais un éternel sur-place autour de Kirk et de ses potes, dont le culte sera décliné à toutes les sauces par des générations d'auteurs.

On peut dire que J.J. Abrams a vraiment tout compris à Star Trek : il a réussi à fétichiser un seul de ses composants et à figer son univers à jamais.

Doit-on considérer que par delà l'appréciation personnelle, l'initiative et le film de J.J. Abrams étaient les seuls en mesure de hisser Star Trek au degré de popularité de Star Wars, y compris sous les cieux déshérité du trekkisme hexagonal ?

Les seuls ? Pas forcément. Mais commercialement les plus prudents ? Assurément ! J.J. Abrams est un expert de la rentabilité commerciale, et il fait toujours les choix les moins risqués.

Parce qu'étudiée par des experts en marketing pour cibler chirurgicalement les goûts du public contemporain, la formule de Star Trek Babies est un "prêt à consommer" dont le rythme et la vitesse sont étudiés pour maintenir le spectateur éveillé et attentif là où le propos en lui-même - indigent - n'y suffirait pas. Et ainsi, ce film suscite l'adhésion d'un public et la bénédiction d'une presse trop souvent incapable d'apprécier l'authentique Star Trek pour ses spécificités et son unicité dans toute sa largeur de spectre.

Qu'une version dénaturée, standardisée, paramétrée, superficielle de Star Trek séduise les critiques généralistes français lorsque l'original ne suscitait qu'un doux mépris hors de la communauté des trekkers laisse tout de même un amère goût d'imposture.

C'est l'histoire finalement classique de la mauvaise imitation qui supplante l'original dans l'imaginaire des profanes.

Mais réussir à rendre "branché" le nom de Star Trek frappera rétroactivement de ringardise quarante ans d'univers Star Trek… Ce que la presse ne manque déjà pas de professer triomphalement, en clamant à tue-tête que "J.J. Abrams a dépoussiéré Star Trek" ! Ce qui revient à imaginer dans Star Trek une "poussière", donc une ringardise, qui pourtant n'existe pas et n'a jamais existé. Merci J.J. Abrams !

D'aucuns argueront qu'à chaque nouvelle déclinaison de Star Trek, il y eut un mouvement de protestation par fétichisme envers les précédentes. Effectivement, mais à tort.

Car aucune des déclinaisons de Star Trek n'a trahi les précédentes dans la mesure où chacune d'elle s'est employée à développer et non à adapter ! Aucune ne contredisait les autres, et chacune d'elle possédait une personnalité et une vocation suffisamment distincte pour respecter l'intégrité des autres, sans jamais chercher à prendre leur place : les problématiques, les personnages, les lieux et les époques étaient systématiquement différents.

Même si certaines de ces déclinaisons n'ont pas été du goût de tous, il ne saurait donc être question de "trahison" dans leur cas.

Star Trek TOS relatait des fables corrosives pour l'époque et même encore aujourd'hui, Star Trek TAS fut un dessin animé fascinant, Star Trek TNG a donné ses lettres de noblesse à la hard SF, Star Trek DS9 fut une encyclopédie de philosophie politique, Star Trek Voyager fut une épopée envoûtante et addictive, et Star Trek Enterprise fut un virtuose exercice de révisionnisme.

Tandis que le film de J.J. Abrams a la prétention de re-raconter Star Trek TOS, de marcher dans ses traces, et finalement de se l'approprier. Or étant donné qu'il l'a totalement dénaturé, littéralement vidé de sa substance, derrière un bel emballage et des personnages totalement stéréotypés, le film de J.J. Abrams n'est qu'une coquille vide, un bras d'honneur à ce qui a fait aimer à tant de générations différentes Star Trek, pour autant de raisons qu'il y a de trekkers, mais dont presque aucune d'elle ne se retrouvera dans ce film.

En ce sens, le film de J.J. Abrams a réussi précisément à ne pas être tout ce que Star Trek TOS pouvait être ! C'est tout de même très fort. Alors oui, dans ce cas précis, au contraire de tous les précédents, on peut dire que nous sommes confrontés à une trahison de Star Trek TOS et par transitivité de tout Star Trek.

Il faut néanmoins être lucide. Parce que les lois du marché sont ce qu'elles sont, et que le public est dorénavant tanné et formaté par elles, il est évident que Star Trek ne pouvait plus exister ici et maintenant dans ses fond et forme originels : i.e. prendre le temps de poser les plus grands problèmes existentiels, prendre le temps d'explorer les fondamentaux de la SF et de la philosophie (qui sont un peu les mêmes), prendre le temps de faire évoluer ses personnages par petites touches crédibles et subtiles, et tout simplement oser être ennuyeux selon les standards du jour…

Il est d'ailleurs proprement phénoménal que Rick Berman ait réussi à préserver l'identité de Star Trek jusqu'au terme de la série Enterprise en 2005 ! Chapeau !

Puisque le véritable Star Trek est anachronique à l'ère du zapping-roi, et est en essence incompatible avec l'urgence, l'empressement, la superficialité, le grand spectacle, la surenchère perpétuelle devenus le pain quotidien de tous, la véritable audace créative (de la nouvelle direction de la Paramount arrivée en 2006) aurait tout simplement consisté à enterrer Star Trek, à l'instar des œuvres d'auteurs que sont Babylon 5 et Farscape ! Bon, ne pas l'enterrer forcément définitivement, mais du moins jusqu'à ce que les modes changent (car elles changent inéluctablement)... C'eut été le respect que Star Trek méritait, et c'est ainsi que les œuvres deviennent "cultes".

Il est de très loin préférable qu'un univers de SF conserve sa spécificité même si cela implique qu'il soit mis en sommeil, plutôt que de le voir se renier pour devenir un hit. Les hits, ce n'est vraiment pas ça qui manque, et ils se ressemblent tous beaucoup. Star Trek était différent, et c'est précisément cette différence qui le définissait.

Mais perdu pour perdu, si le conformisme et l'imitation postulaient d'en passer impérativement par la case du reboot de Star Trek, quel dommage de ne l'avoir pas au moins confié à l'authentique grand auteur de SF qu'est Joseph Michael Straczynski (ayant soumis à la Paramount un audacieux projet resté lettre morte), ou encore au véritable trekker devant l'Eternel qu'est Bryan Singer.

Bien sûr que Star Trek a toujours été un business pour la Paramount (il faut bien financer les productions et faire des bénéfices) ! Mais ce commerce légitime n'avait pour autant jamais retiré à Star Trek ses qualités d'œuvre, et même disons-le sans ambages, d'œuvre d'auteur ! Et cela durant 40 ans !

Tandis que depuis l'arrivée de J.J. Abrams le situation a fondamentalement changé ! Dorénavant, Paramount veut faire de Star Trek un phénomène de mode, et s'est donné des moyens totalement inédits pour y parvenir. Or pour fabriquer de toute pièce une vogue planétaire, le prix à payer est considérable... à savoir cesser d'être une œuvre pour devenir un produit de consommation - et de consommation très courante de surcroît ! Dans le climat actuel, à l'ère des productions standardisées, stéréotypées, et formatées, prétendre faire du jour au lendemain de Star Trek un phénomène de mode dont le public s'entiche, ne peut que passer par un complet reniement !

Et c'est dorénavant chose faite !

Å'uvre résolument intemporelle et universelle, durablement enracinée dans l'inconscient collectif et la construction de la pensée, Star Trek n'a de ce fait aucune vocation à être un produit à la mode ! Mais il n'est guère politiquement correct de le rappeler...

Non, Star Trek Babies n'est pas un Star Trek, mais c'est un film qui parle de Star Trek, nuance de poids. Et pour en parler, ce film aligne à la chaîne une série ininterrompue d'emprunts bateaux aux films antérieurs (répliques, situations, composants), comme un mauvais documentaire de reconstitution alignerait les truismes. Il exhibe pesamment sa vocation pédagogique, prosélyte, et commerçante pour "ratisser au plus large" à la manière du plus centriste et consensuel des candidats politiques. Et si d'aucuns sont tentés de voir dans cette démarche sans élégance et sans finesse un hommage à Star Trek TOS, je les invite à mesurer ce que ce sont de véritables hommages en se remémorant la façon proprement amoureuse dont chacune des séries de la franchise sut faire honneur à la série originale : Star Trek TNG 06x04 Relics (Reliques), Star Trek DS9 05x06 Trials And Tribble-ations (Épreuves et tribulations), Star Trek Voyager 03x02 Flashback, et Star Trek Enterprise 04x19 In A Mirror, Darkly (Le côté obscur du miroir).

Dans une certaine mesure, Star Trek Babies pourrait rejoindre la collection Star Trek for Dummies ! Mais si le trekker potentiel qui débarque dans ce nouvel univers peut être un newbie ou un rookie, il n'est en aucun cas un dummy… Du reste l'estimable collection éponyme "…for Dummies" a vocation à initier et édifier, et non à niveler par le bas… tout au contraire de ce film.

Star Trek Babies fait même l'effet d'être en lui-même une bande-annonce de 2h06 pour l'univers de Star Trek… au point d'appeler - entre la dernière scène du film et le générique de fin - sa conclusion la plus naturelle : une belle pub pour les coffrets DVD et BD de Star Trek distribués par Paramount Home Video !

Malheureusement, si les néophytes viennent ensuite à Star Trek grâce à ce film, ils risqueront d'être déçus en découvrant cet univers… qui n'a pas grand-chose à voir avec son nouvel ambassadeur autoproclamé…

VI - Conclusion

L'univers peut bien s'écrouler, six milliards de Vulcains peuvent bien être exterminés, la crédibilité de la narration peut bien être sacrifiée, la vraisemblance générale peut bien être ridiculisée, la profondeur trekkienne peut bien être frappée de désuétude... quelle importance ? Pourvu que les spectateurs ne s'ennuient pas, pourvu que le film fasse passer un bon moment, pourvu que l'interaction sacrée entre Kirk, Spock, et McCoy soit glorifiée ! La richesse et la complexité de l'univers Star Trek ont fait place à une caricature : le culte comicsien de quelques personnages et surtout, surtout, de leurs interactions !

Et la Paramount a réussi à imposer son effet de mode : désormais Star Trek, c'est seulement Star Trek TOS, et son univers gravite autour de la trinité super-héroïque Kirk/Spock/McCoy sauveurs de la Terre (car il n'y a définitivement que ça qui importe) comme n'importe quel super-héros d'opérette sous stéroïdes, mais pas sauveurs de Vulcain (car ça on s'en fout un peu, ce ne sont que des Vulcains après tout).

Lorsque la plupart des critiques de la presse, certainement animés des meilleures intentions du monde, sont portés à dire et écrire que les trekkers seront ravis par le film de J.J. Abrams, ils ne mesurent pas à quel point il n'est guère flatteur pour un trekker que son univers soit réduit à quelques clichés, ses personnages à de la "convivialité", leur jeu à une pantomime, la comédie à de l'humour neuneu, la complexité à des lieux communs, l'esprit trekkien à des slogans, la philosophie à des brèves de comptoir, et l'humanisme à un anthropocentrisme vulcanophobe… Mais qu'importe n'est-ce pas, tant que Star Trek Babies "déchire grave", que nul ne s'ennuie, que les effets spéciaux sont à la page, qu'un scénario inepte rend les personnages aussi "sympas" que dans n'importe quel autre blockbuster aux normes du jour, et que tous les attributs de la mode sont réunis (150 millions de US$ de budget minimum, jeunisme tendance, recast conformiste, reboot assumé, remake hypocrite, branchouille par matraquage de pub…).

Au nom de l'hédonisme et pour deux heures de shoot visuel… chacun demeure en effet libre de se féliciter que le gigantisme et la philosophie trekkiennes soient transformés en un buddy movie iconolâtre, raciste sans même en avoir conscience, et ouvrant largement les vannes aux schémas idéologiques, narratifs, et visuels de Star Wars dont l'univers Star Trek avait toujours su se préserver.

Quatre ans de "privation" savamment dosée, l'espoir d'une "renaissance" à n'importe quel prix, le mythe du "sang neuf" et de sa "virginité", la perspective flatteuse d'une grande vogue, la tentation de l'ouverture à tous vents et du consensus, un "must" hypnotiquement imposé... font avaler quantité de couleuvres, circonviennent nombre de discernements, résignent bien des scepticismes… et réussiront bientôt à faire de toute réprobation une prétendue faute de goût, en sacrifiant l'universalité à la vulgarisation et la reconnaissance au succès public.

« Resistance is futile »

<img src="photos/news/302-1.jpg" alt=RIP Star Trek" align=right />La conclusion est épitaphe :

Star Trek est mort, vive Star Trek !

R.I.P. Star Trek (1964 – 2006)

Je laisse au Cardassien Aamin Marritza dans la peau de Gul Darhe'el (Star Trek DS9 01x19 Duet (Duel)) le soin de nous rappeler l'ultime "message" que délivre le Star Trek version J.J. Abrams :
<img src="photos/news/302-2.jpg" alt="Genocide" align=center />

Yves Raducka

News proposée par Topaze, le 05 Mai 2009.

Dernière édition le 05 Mai 2009.

 
 
NaphanielHors Ligne Naphaniel,  le 20 Mai 2009 à 14H34'
J'ai lu ce texte en diagonale peu après la sortie du film, que dire sinon que j'imagine qu'il y en a toujours pour râler quoi qu'on fasse !

Le film est trépidant, magnifique et malgré un bad guy mal traité, l'alchimie entre les acteurs fonctionne à merveilles, et je me soucie peu de savoir qu'on puisse concevoir qu'il est plus probable de téléporter un atome à ne fut-ce qu'un mètre plutôt qu'en vitesse de distorsion ! Comme ci l'on pouvait savourer l'intégralité des séries ST sans suspension d'incrédulité.

Comme tous les fans des séries post TOS, ça me fait un peu mal qu'on abandonne le 24eme siècle, le futur de ce reboot sera probablement bien différent sans le géant vulcain ! Mais en revoyant des films médiocres comme Insurrection ou l'innommable Nemesis et son équipage vieillissant, je dois avouer que le film d'Abbrams était la dernière chance pour Star Trek de survivre. Qui sait, peut-être celle ci engendrera t'elle une nouvelle série dans la timeline qu'on connait tous ?
ChristineHors Ligne Christine,  le 15 Mai 2009 à 22H12'
Je suis d'accord avec toi ,il y a trop incohérence sur ce film pour dire qu'il est de Star trek.
En plus la maman de Spock de devait pas mourir aussi vite, si Shekov a réussit a téléporté Kirk et Sulu en chute libre et aurais su téléporté la mère de Spock

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