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Résumé commenté de Star Trek XI par Yves Raducka

Voici la première des analyses et décorticages faits par notre estimé confrère Yves Raducka après la vision de Star Trek XI.Je le remercie pour son invitation à diffuser ces deux analyses sur notre site.
Résumé commenté de Star Trek XI par Yves RaduckaComme je l'ai évoqué dans notre critique-dialogue, l'excellence technique du film de JJ Abrams est incontestable, et sa science-fiction est au goût du jour. Je me suis efforcé de rester objectif puisque j'ai attribué au film de JJ Abrams trois notes bien distinctes (après tout, une œuvre peut être évaluée sous bien des angles différents) : sur le terrain de la mise en scène, des effets spéciaux, et des critères de formes à la mode, le film de J.J. Abrams mérite un 5/5 ; sur le terrain de la science-fiction, de la narration, de l'histoire racontée, le film de J.J Abrams mérite un 3/5 ; sur le terrain de Star Trek, de l'esprit trekkien, de la vocation même de ce genre à part de la SF, le film de JJ Abrams mérite un 1/5.

Je ne vais donc pas revenir dans cette longue critique sur les qualités filmiques du Star Trek de J.J. Abrams, car ce sera bien la seule et unique préoccupation de l'ensemble de la presse papier et web, alors que sa dimension trekkienne ou non trekkienne ne sera considérée que par bien trop peu de spécialistes isolés et généralement affublés de qualificatifs dédaigneux (canonistes, orthodoxes, puristes, fanatiques, extrémistes, mauvais public, fétichistes, sclérosés, nostalgiques impénitents, nitpickers, trekkies, trekkolâtres… et j'en passe des moins respectueux encore).

L'objectif de ma critique est de porter l'accent sur le rapport entre le film de J.J. Abrams et l'univers de Star Trek, et de justifier ma note exécrable (1/5) sur le plan trekkien, alors que ce film est pourtant irréprochable sur les plans visuels, sonores, techniques, et de mise en scène.

Il ne suffit pas à un film d'être réussi en tant que tel pour faire un bon Star Trek. Un bon Star Trek exige quelque chose de plus. Et dans le cas présent, il n'est même pas question d'être un bon ou un mauvais Star Trek, mais de questionner la légitimité de ce film à porter le label Star Trek.

Un film visuellement superbe, très bien réalisé, et hautement distrayant, parviendra bien plus efficacement encore qu'un mauvais film à fouler aux pieds l'âme de Star Trek - un genre à lui tout seul de la SF (audiovisuelle et littéraire) depuis quarante ans.

I – Résumé commenté :

Avertissement : giga-spoilers.

Le film Star Trek de J.J. Abrams s'inscrit dans le prolongement direct du comics Star Trek : Countdown, scénarisé par les mêmes auteurs.

Le découpage du film est à l'image d'un épisode de Star Trek TOS ou de Star Trek V : The Final Frontier : teaser + générique de début + corps du film + générique de fin.

Nous sommes en 2233 dans l'USS Kelvin, un vaisseau de Starfleet, qui se fait attaquer par un gigantesque vaisseau inconnu sorti d'un trou noir. Notons que Star Trek a ainsi inventé le trou noir répulsif !

Nero, capitaine romulien du Narada exige que Robau, capitaine de l'USS Kelvin, se constitue prisonnier. George Kirk, père du futur James Tiberius remplace Robau au commandement de l'USS Kelvin. Arrivé sur le Narada, Robau se fait gratuitement assassiner par Nero. Pour sauver l'équipage de l'USS Kelvin, George Kirk ordonne l'évacuation générale par navettes et reste seul à bord pour faire crasher l'USS Kelvin sur le Narada. Il aura juste le temps d'être le témoin à distance de la naissance de son fils James Tiberius à bord de l'une des navettes...

C'est à partir de là que la ligne temporelle bifurque et engendre un univers différent de celui que nous connaissons. Nero et le Narada n'auraient pas dû sortir d'un trou noir, l'USS Kelvin n'aurait pas dû être détruit, le Capitaine Robau et George Kirk n'auraient pas dû mourir, et Kirk aurait dû naître dans l'Iowa et non sur la navette d'un vaisseau en perdition.

Malgré tout, quelques différences inexplicables apparaissent avec l'univers originel de Star Trek, constituant de possibles violations de canon. Dâ€~une part la disposition des nacelles de l'USS Kelvin, placées sur un plan transversal par rapport à celui de la soucoupe du vaisseau, encadrant le vaisseau par le haut et le bas. L'intérieur et la passerelle de l'USS Kelvin, ne correspond en rien au design de l'ère TOS. Soyons toutefois honnêtes : ces deux premiers points pourraient être imputables à une classe de vaisseau de l'entre Star Trek Enterprise-TOS encore jamais mis en scène dans la franchise, d'autant plus que les navettes de l'USS Kelvin sont identiques à celles de Star Trek TOS.

Maintenant plus ennuyeux, dès le teaser et durant tout le film, les stardates désignent simplement les années du calendrier grégorien (les mois et les quantièmes étant figurés par les décimales) ! Nero et son équipage romulien venus pourtant du 24ème siècle de l'univers originel, ne possèdent pas le phénotype romulien, et pire encore, ne portent pas sur leur front le plissement caractéristiques des Romuliens de cette ère - rien dans le film n'expliquera cette anomalie. La résistance de l'USS Kelvin à l'armement futuriste (et borguien si l'on en croit le comics Star Trek : Countdown) du Narada semble également très surévaluée. Les manifestations de la distorsion (warp) et du subspace ne sont guère conformes. Quant au trou noir que l'on traverse sans dommage pour en ressortir tout naturellement, c'est une violation scientifique majeure.

Le design archéo-futuriste du Narada n'est guère convaincant, et figure une hybridation improbable entre le Scimitar de Shinzon (Star Trek : Nemesis), un vaisseau borg non géométrique, et un vaisseau pieuvre vorlon (Babylon 5)… probablement en réponse au design et au nom (Jellyfish = la méduse) du vaisseau de Spock-Nimoy que l'on découvrira bientôt. Le design intérieur du Narada est totalement amorphe et bien peu fonctionnel. Les auteurs auraient-ils voulu donner de la profondeur au parcours de vengeance de Nero en nommant son vaisseau d'après Nârada, sage et messager de la mythologie hindoue, semeur de discorde - mais pas de mort contrairement à Nero ?

Générique - réduit au minimum syndical d'ailleurs comme dans toutes les séries en vogue - mesure anti-zapping.

Et à partir de là, accrochez vos ceintures, J.J. Abrams vous plonge dans sa version clipesque de Star Trek, quelque part entre Lost et Alias. Avis aux amateurs…

S'enchaînent les étapes-clefs de la jeunesse de Kirk dans l'Iowa sur diverses partitions aussi rythmées que bruyantes, et quelque pub totalement anachronique (pour Nokia), qui rappellent que nous sommes plus dans le monde d'Abrams que dans celui de Star Trek. Symétriquement, le cinéaste y oppose la jeunesse de Spock sur une planète Vulcain dont le gigantisme immobilier et les prétentions hiératiques semblent sortir de Naboo (Star Wars).

En tentant de séduire Uhura dans un bar, Kirk se heurte à l'esprit de corps des cadets de Starfleet, et se voit sauver la mise (la rixe tournait mal pour lui) par le Capitaine Pike. Témoignant d'une différence d'âge avec Kirk bien supérieure à celle suggérée par Star Trek TOS 01x15 The Menagerie (La ménagerie), Pike est ici aux antipodes de son modèle originel : le Pike de Star Trek TOS 00x01 The Cage était sexiste et doutait énormément de lui, le Pike de J.J. Abrams possède l'assurance moralisante des coachs, des mentors, des découvreurs de talents, et il réussit à persuader le talentueux mais impétueux Kirk à rejoindre Starfleet.

La société vulcaine est quant à elle le produit d'une mauvaise digestion du merveilleux Star Trek TAS 01x02 Yesteryear (Retour dans le passé), où la répression émotionnelle semble inconnue des adolescents vulcains, de surcroît viscéralement xénophobes envers le métissage, et où la logique n'est qu'un mot et non une réalité. Là où Star Trek TOS 02x15 Journey To Babel (Un tour à Babel) suggérait plutôt que seul Sarek désapprouvait l'engagement de Spock dans Starfleet, c'est ici tout le Conseil scientifique vulcain qui semble frapper Spock de déshonneur pour son choix.

Nous voila plongés dans Starfleet Academy, où Kirk rencontre dès son arrivée le docteur McCoy engagé dans Starfleet un peu malgré lui suite à un divorce qui ne lui aura laissé que les os (d'où le surnom "bones" – cocasse celle-là), alors que McCoy est aviaphobe, et a horreur de l'espace comme de la téléportation (étrange politique de recrutement de Starfleet tout de même...).

Une petite scène nous donne des nouvelles de Nero. Oui, que devient-il depuis... 25 ans qu'il est arrivé au 23ème siècle ? Eh bien, il se targue d'avoir détruit 47 vaisseaux klingons. A part ça, pas grand-chose, car Nero attend ! Il attend à l'orée du trou noir (ce trou noir d'où on peut sortir) que Spock-Nimoy arrive. Parce que Spock est responsable de toute la haine de Nero, et Nero veut se venger ! Et effectivement, Spock-Nimoy arrive dans son vaisseau le Jellyfish, et le Narada s'en empare ! Si l'on tient pour valide le comics prequel du film Star Trek : Countdown, il y a là une double incohérence (outre le trou noir lui-même) : Spock-Nimoy est de tous (parmi les Romuliens, les Vulcains et la Fédération) à avoir mis en garde et tenté de sauver Romulus de la supernova Hobus ; mais avec une logique implacable, c'est Spock-Nimoy que Nero tient pour seul responsable de la destruction de Romulus à la fin du 24ème siècle. Et donc Nero attend sans rien faire durant 25 ans l'arrivée de Spock, juste pour l'obliger à assister impuissant à la destruction de Vulcain qu'il a planifiée. Ce qui nous conduit à un second problème, puisque Nero a traversé au 24ème siècle le trou noir avant Spock-Nimoy ("expliquant" que Spock en sorte 25 ans plus tard au 23ème siècle), comment Nero peut-il savoir que Spock-Nimoy a lui aussi traversé le trou noir et qu'il va arriver ? ll n'est tout de même pas transparent ce trou noir en plus d'être traversable ?

Une mention sur l'écran nous informe d'un bond de trois ans dans le futur, qui nous épargne ainsi les trivialités à craindre de Starfleet Academy…

Impossible malgré tout d'échapper aux bagatelles du jeune Kirk avec une opulente orionne - probablement cadette elle aussi à l'Académie (car que ferait-elle là sinon ?). La petite séance de voyeurisme (popularisée par la seconde bande annonce) à l'endroit d'Uhura n'est qu'un bonus.

L'idée de nous révéler que Starfleet aurait ouvert ses portes aux Orion(ne)s - qui sont pourtant les ressortissant(e)s d'une puissance potentiellement ennemie de la Fédération dans la timeline originelle - aurait pu représenter une belle initiative si elle n'avait pas eu pour seules fonctions d'asseoir la virilité de Kirk et d'enfiler un cliché racoleur de plus. Depuis Vina dans le premier pilote Star Trek TOS 00x01 The Cage jusqu'à l'un des tous derniers épisodes de Star Trek Enterprise (04x17 Bound (Le Lien)), les Orionnes à la peau verte et fort peu vêtues sont le tribut de la franchise au fantasme de la "femme de l'espace". Fallait-il vraiment que la seule Orionne non-effeuilleuse professionnelle jamais rencontrée (hors univers miroir) soit par le "hasard" des circonstances aussi dénudée que les danseuses érotiques des marchés aux esclaves orions ? Le film de J.J. Abrams révèle ainsi que ses caractérisations sont strictement utilitaires et fonctionnalistes, à l'instar des ciblages de pubs pour lessive.

Nous sommes désormais en 2258, et nous y resterons jusqu'à la fin du film. La main story débute...

L'on revisite le test du Kobayashi Maru mis en scène dans Star Trek II : The Wrath Of Khan (La colère de Khan), où il fut révélé que Kirk était le seul cadet à avoir trouvé une solution inédite à ce test de personnalité en le reprogrammant, et où Kirk expliqua qu'il n'aimait pas perdre quitte à tricher (y compris avec la mort). Abrams nous montre donc en live dans son film la reprogrammation du test du Kobayashi Maru par un Kirk arrogant et sûr de lui comme jamais, au point littéralement de se la jouer, jusqu'à pasticher la pomme que croquait Kirk dans Star Trek II : The Wrath Of Khan (La colère de Khan) en déclarant triomphalement « Je n'aime pas perdre » (« I don't like to lose »). Chris Pine est ici extrêmement convaincant mais peu subtil, et l'allusion à Star Trek II : The Wrath Of Khan (La colère de Khan) est lourde, grossière.

Il apparaît alors que celui qui a développé et programmé le test du Kobayashi Maru (quatre ans avant) est le Commander Spock, et que celui qui expose la fraude de Kirk est aussi le Commander Spock ! Ben voyons, il fallait que ce soit Spock ! Déjà le ton est donné : malgré le gigantisme des amphithéâtres et des hangars à navette de Starfleet Academy, le Star Trek de J.J. Abrams est minuscule, car en toute occasion seuls les personnages de Star Trek TOS sont impliqués au mépris de toute probabilité.

Bizarrement, la reprogrammation sauvage du test du Kobayashi Maru par Kirk est présentée ici par Starfleet Academy comme une faute grave, alors que Star Trek II : The Wrath Of Khan (La colère de Khan) établissait au contraire que Kirk avait reçu des éloges (voire une recommandation) pour son initiative. Bah ! Encore une contradiction qui se dissout dans l'astuce de la nouvelle trame temporelle…

C'est alors que débute la prévisible lutte des héros contre l'hyper-super-méga-ultra-méchant du film. Un appel de détresse (que tout le monde a entendu dans la troisième bande annonce), et le branle bas de combat sonne à Starfleet Academy, les cadets de la promotion de Kirk sont affectés à divers vaisseaux (notamment l'USS Faragut et l'USS Enterprise) ! Faut-il au passage que la flotte de Starfleet manque de vaisseaux et d'effectifs...

Chose étrange, bien que cadette elle-même, Uhura exige du Commander Spock que celui-ci l'affecte à l'USS Enterprise au lieu de l'USS Farragut... et celui-ci obtempère sans discuter. Mhhh...

Sanction de sa fraude au Kobayashi Maru, Kirk est le seul à ne recevoir aucune affectation. Mais son ami le Dr. McCoy parvient à le faire clandestinement embarquer à bord de l'USS Enterprise sous couvert de maladie qu'il lui inocule lui-même (un médecin doit parait-il s'embarquer avec son patient...).

Scène d'introduction de l'USS Enterprise au design extérieur modernisé, comme vaguement mâtiné de l'Enterprise D du 24ème siècle. Une légère pause dans le rythme extrême du film pour dépeindre cet USS Enterprise de l'univers parallèle sous toutes les coutures. Il s'agit probablement d'un clin d'œil aux retrouvailles de l'Amiral Kirk avec son Enterprise dans Star Trek : The Motion Picture. Mais ici, bien que visuellement très belle (CGI dernier cri oblige), la scène est tout sauf contemplative, bien trop vite expédiée pour laisser vraiment les spectateurs s'émouvoir.

Nous sommes maintenant à bord de l'USS Enterprise. Nous découvrons une passerelle immaculée plus futuriste que celle de n'importe quel vaisseau de Starfleet de la TNG-era un siècle plus tard, et la profusion de spots et de sunlights lui donne l'ambiance d'une discothèque. Cool me direz-vous ? Si l'on veut. La Fédération peut remercier Nero de son attaque 25 ans plus tôt, car elle a su rendre les décorateurs d'intérieur de Starfleet très hype. Mais en contrepartie, la salle des machines a été complètement négligée par eux, elle est même tombée dans le plus total archaïsme, jusqu'à faire passer celle de Star Trek TOS pour ultramoderne : c'est devenu le coin de la chaudière de Freddy, gigantesque usine archéo-industrielle à la mode steampunk saturée de tuyauterie sortie de Giedi Prime (Dune) ou de Brazil, de vapeurs opaques dignes de cargos à charbon du 19ème siècle. Serait-ce une façon allégorique d'introduire soudain dans Starfleet une hiérarchie de classes entre l'aristocratie du haut et les forçats du bas ?

La passerelle accueille le capitaine Pike. Spock est son second. Uhura est affectée aux communication grâce à sa parfaite maîtrise de trois dialectes romuliens. Sulu est au poste de pilotage pour la première fois, et il fera une petite erreur lors du passage à distorsion qui fera rire le public - encore un peu d'humour gadget. Le benjamin de l'équipe, Pavel Chekov, amusera également la galerie par son accent russe totalement parodique. Ce dernier est présenté comme ayant 17 ans, alors qu'étant né en 2245 dans Star Trek TOS, il devrait n'avoir que 13 ans. Bah ! Il suffit de se convaincre que la nouvelle trame temporelle créée par Nero aura fait naître Pavel Chekov quatre ans plus tôt et le tour est joué.

A l'infirmerie, Kirk se remet péniblement des symptômes que McCoy lui as infligés pour l'embarquer clandestinement, et coup de génie (peu convainquant), il fait le rapprochement entre les circonstances de l'appel de détresse vert lequel vole à distorsion l'USS Enterprise et les circonstances de l'attaque de l'USS Kelvin qui emporta son père il y a 25 ans. Kirk force l'entrée de la passerelle pour hurler au Capitaine Pike sa découverte : « It's a trap ! »., et à force d'insistance, finit par l'en convaincre. Euh ou ai-je déjà entendu ça ? Ah oui, bien sûr, Star Wars, plusieurs fois même (notamment dans Star Wars V : The Empire Strikes Back et Star Wars VI : Return Of The Jedi).

Malgré l'illégalité de sa présence à bord, Kirk parvient ainsi à s'illustrer. Mais son intervention aura juste conduit Pike… à lever les boucliers de l'Enterprise !

Arrivé en orbite de Vulcain, c'est un peu Wolf 359 (Star Trek TNG 04x01 The Best Of Both Worlds (Le meilleur des deux mondes)) en tout petit : quelques carcasses de vaisseaux de la Fédération, et le Narada invulnérable trônant en orbite de Vulcain, ayant déployé sa plateforme atmosphérique de forage et projetant un rayon lumineux vers le noyau de la planète Vulcain. L'Enterprise n'est pas en mesure de lutter contre le Narada, et ses téléporteurs s'avèrent inopérants à proximité de la plateforme de forage. Nero exige la venue à bord du capitaine Pike (même schéma que pour le capitaine Robau de l'USS Kelvin dans le teaser). C'est aussi l'occasion d'un face à face par écrans de passerelles interposés entre Spock et Nero, où ce dernier lui révélera ne pas l'avoir encore rencontré, suggérant donc venir du futur…

Face à cette puissance très supérieure, Pike obtempère pour faire diversion, et ordonne à Kirk, Sulu, et un redshirt anonyme (un hommage certainement à la "grande" tradition de Star Trek TOS) de faire un saut orbital (faute de téléportation) pour prendre pied sur la plateforme de forage et la désactiver.

Les héros comprennent rapidement le plan diabolique de Nero : créer un trou noir au centre de Vulcain pour anéantir la planète. Aussitôt Spock transmet l'évacuation générale à Vulcain. C'est fou, le peuple vulcain possède les plus éminents scientifiques de la Fédération... mais il aura bien sûr fallu que seuls les héros de l'Enterprise soient capables dès leur arrivée de comprendre ce que Nero projetait ! Chez J.J. Abrams comme dans trop de comics, seuls le(s) héros et le(s) méchant(s) sont intelligents et forts, le reste de l'univers est composé d'imbéciles.

Une navette de l'Enterprise conduit l'équipe de saut à la verticale de la plateforme de forage, pour sauter depuis l'orbite. Mais alors pourquoi la navette ne descend-elle pas elle-même jusqu'à la plateforme ? Qu'on ne nous fasse pas croire que le puissant Narada détecterait la navette et pas les trois "parachutistes" ? Et comment de tels sauts sont-ils même possibles ? Ils violent frontalement les acquis de l'orbitographie, les principes gravitationnels, tout en ignorant les dangers extrêmes de le pénétration atmosphérique où le risque d'embrasement est considérable même à des assiettes réduites, et qui pourtant là est supposé se pratiquer tout naturellement à la verticale avec pour seule protection un scaphandre ! N'importe nawak, mais quelle importance, puisque c'est l'occasion pour J.J. Abrams d'offrir sa scène la plus spectaculaire au film.

Kirk et Sulu atterrissent donc sur la plate-forme (et le red shirt meurt bien évidemment carbonisé).

Alors comme ça, la plateforme n'est protégée par aucun champ de force, et n'est pas solidaire du puissant vaisseau de Nero ! Pourquoi alors l'Enterprise n'a pas juste tenté de la détruire depuis l'orbite, avec ses phaseurs par exemple ? Et pourquoi tout simplement les Vulcains eux-mêmes n'ont pas tenté de détruire cette plateforme. Dès Star Trek Enterprise, un siècle plus tôt dans la trame temporelle commune aux deux univers, Vulcain possédait un système de défense élaboré et de nombreux vaisseaux atmosphériques d'interception. Ah oui, c'est vrai, J.J. Abrams voulait sa scène tape à l'œil de saut orbital...

S'ensuit un combat au corps à corps sur la plateforme au-dessus du vide (un grand classique de Star Wars V : The Empire Strikes Back et Star Wars VI : Return Of The Jedi) avec deux séides romuliens, d'apparence moins romuliens encore que Nero, ressemblant à des pirates ou à des brigands médiévaux sortis d'un sous-bois… voire d'une dystopie à la Mad Max.

Parce que dans Star Trek TOS 01x06 The Naked Time (L'équipage en folie), Sulu se prenait pour un bretteur sous l'effet de la folie, Sulu est ici présenté comme expert en escrime, et durant le combat avec le Romulien, voilà qu'il sort de sa poche une épée télescopique qui doit faire partie du nouvel équipement standard de l'officier de Starfleet, et il entame un petit duel de cape et d'épée, avant d'embrocher son adversaire. C'est totalement anachronique et inefficace comme arme de défense (tout en étant dénué de la dimension cérémonielle des armes blanches klingonnes - pour preuve Worf emploie autant que possible le phaser), mais cela devait certainement faire partie des composantes Star Wars qui manquaient tant à Star Trek. L'épée télescopique est devenue dans le Star Trek version Abrams l'épée laser de Star Wars.

Bien sûr Kirk et Sulu triomphent de leurs adversaires, mais trop tard, Vulcain est condamnée. Ce qui donne encore l'occasion d'une scène spectaculaire lorsque Kirk et Sulu chutent de la plateforme et sont téléportés sur l'Enterprise juste avant de toucher le sol.

Comme les téléporteurs de l'Enterprise re-fonctionnent depuis que la plateforme de forage a cessé de rayonner, Spock se téléporte sur Vulcain pour tenter de sauver ses parents et quelques "sages garants de la mémoire vulcaine" réfugiés dans une grotte katrique au sein de laquelle trône une statue géante de Surak, évoquant celle de Yogurt sur Vega dans Spaceballs (La folle histoire de l'espace).

Tout le groupe sera téléporté à temps sur l'Enterprise, sauf Amanda - la mère de Spock - qui perdra la vie dans un effondrement.

Finalement, la planète Vulcain disparaît à jamais, avalée en quelques secondes par le trou noir créé par le système de forage de Nero. Six milliards de Vulcains périssent, il n'en reste plus que 10 000 dans l'univers !

Légère inflexion dans le rythme soutenu du film, Spock quitte la passerelle, et Uhura le rejoint dans l'ascenseur, pour lui exprimer à l'occasion du drame l'étendue de son affection passionnelle. On commençait à s'en douter, mais là c'est confirmé : Uhura et Spock sont en couple. Star Trek TOS avait vaguement suggéré un discret intérêt d'Uhura pour Spock, bien sûr sans réciprocité aucune. Mais ici c'est une réalité alternative, donc tout est permis, même si ça ne correspond pas du tout à la caractérisation du Spock ascétique de Star Trek TOS, dont la vie sentimentale et sexuelle était essentiellement rythmée par le Pon farr. A dire vrai, il est devenu évident que plus grand-chose ne sépare le jeune Spock d'un humain de son âge…

Pendant ce temps-là, tombé entre les mains de Nero, Pike subit la rituelle séance d'interrogatoire sadique de tout blockbuster manichéen qui se respecte, où notamment le "méchant" nomme familièrement sa victime par son prénom (ici Christopher) et lui explique en quelques mots - comme Khan dans Star Trek II : The Wrath Of Khan - ses projets de vengeance : la Fédération à laissé disparaître Romulus à la fin du 24ème siècle, donc après la destruction de Vulcain, Nero ambitionne de détruire une à une toutes les planètes de la Fédération afin de bâtir un nouvel Empire romulien bien plus puissant. Voilà qui rappelle pesamment Shinzon dans Star Trek : Nemesis, mais Shinzon était très modeste, la destruction de la Terre seule lui suffisait. N'oublions pas que Nero est beaucoup plus "méchant" que tous les "méchants" de la franchise réunis.

L'explication de Nero est aussi brève que ses ambitions sont mégalomaniaques, mais il faudra s'en contenter, l'extrême simplicité de l'intrigue n'ayant de toute façon guère besoin de plus…

Attendu que Pike refuse de livrer les secrets stratégiques (codes de défense) de la Fédération, Nero lui introduit dans l'oreille des larves d'une créature visqueuse qui ressemble à s'y méprendre à l'anguille de Ceti Alpha V (Ceti eel) afin de briser sa volonté ! Eh oui, une fois de plus, dans sa quête éperdue de légitimité, le film de J.J. Abrams ne trouve rien de mieux à faire que de réutiliser tel quel l'un des éléments les plus emblématiques des films antérieurs, au mépris de toute vraisemblance. Autant, dans Star Trek II : The Wrath Of Khan, il était logique que Khan exploite les propriétés suggestives des larves de Ceeti eel car il s'agissait de la seule ressource dont il disposait sur Ceti Alpha V ravagée, autant, venu de la fin du 24ème siècle, Nero aurait pu utiliser bien d'autres moyens pour faire parler Pike. Mais non, il fallait que cela soit celui-là, car l'univers de Star Trek revisité par J.J. Abrams est tout petit, et seuls doivent y intervenir des éléments que le public connaît déjà. Plus généralement, quel est le sens de l'interrogatoire que Nero fait subir à Pike alors que le Narada ne craint aucune flotte du 23ème siècle ?

Retour sur la passerelle de l'Enterprise où une fois de plus, le film de J.J. Abrams empreinte sans vergogne une célèbre réplique d'un film antérieur, ici Star Trek VI : The Undiscovered Country (Terre inconnue) (et Sherlock Holmes) : « Selon un de mes ancêtres, une fois l'impossible exclu, tout le reste, même l'improbable, est vérité » (« An ancestor of mine maintained that if you eliminate the impossible, whatever remains – however improbable – must be the truth »). Ben voyons...

S'ensuit une divergence à caractère stratégique entre Spock et Kirk sur la conduite à tenir suite à la disparition de Vulcain. L'insubordination véhémente du cadet Kirk dégénère en échauffourée, et Spock pratique sur lui son célèbre pincement de nerf vulcain (Vulcan nerve pinch). Mais au lieu de l'enfermer en cellule comme il est toujours d'usage de le faire dans Starfleet, Spock abandonne Kirk dans une capsule de survie projetée vers la très inhospitalière Delta Vega. Où Kirk atterrit, à 14 km d'un poste de la Fédération. Bien que Kirk évoque explicitement la violation du protocole 4909 de Starfleet, établissant que les auteurs assument cet agissement, cette décision d'abandon n'en demeure pas moins inexplicable et même inexcusable, à fortiori venant d'un Vulcain toujours soucieux du règlement, et à l'encontre d'un cadet s'étant illustré depuis son arrivée sur l'Enterprise (détection du piège, saut orbital...).

Delta Vega ? Il y a comme un gros problème ! Rencontrée dès le second pilote de Star Trek TOS, 01x01 Where No Man Has Gone Before (Où l'homme dépasse l'homme), Delta Vega est une planète aride et sans vie, or ici elle est glaciaire et habitée par des monstres sortis de la planète Hoth (Star Wars V : The Empire Strikes Back).

En outre, dans Star Trek TOS, Delta Vega accueille uniquement une gigantesque raffinerie de craquage de (di)lithium, totalement automatisée, et visitée tous les 20 ans par une compagnie minière, or ici Delta Vega abrite un poste de Starfleet habité et perdu dans les glaces ! Mais beaucoup plus grave, dans Star Trek TOS, Delta Vega est à l'extrême limite de la Voie Lactée près de la barrière galactique (galactic barrier). Il est donc géographiquement incompréhensible que l'Enterprise soit passée par là juste après avoir quitté Vulcain ! Bah, il suffit de faire preuve d'une bonne dose d'indulgence et simplement considérer que la nouvelle trame temporelle a métamorphosé et même tant qu'à faire déplacé Delta Vega dans la galaxie...

Il aurait été tellement plus simple pour les auteurs de nommer cette planète différemment pour les besoins du film… Mais une fois de plus, il fallait impérativement utiliser un élément préexistant de Star Trek TOS… quitte à provoquer une totale invraisemblance.

Sur la "nouvelle" Delta Vega, Kirk sort de sa nacelle de survie et tente de gagner à pied le poste de Starfleet. Et là, le film de J.J. Abrams emprunte de façon saisissante au visuel d'une scène mythique de Star Wars V : The Empire Strikes Back : exactement de la façon dont Han Solo apparaît soudain dans le blizzard de Hoth pour secourir Luke Skywalker tombant dans l'inconscience, c'est un prédateur plus chtonien que le Wampa qui vient à la rencontre de Kirk ! Rapidement, un autre monstre plus gros encore s'abat sur le premier ! Tiens, ça me rappelle à nouveau Star Wars : le Opee sea killer qui se fait dévorer par le Sando aqua monster sur Naboo (Star Wars I : The Phantom Menace).

Le second monstre prend à son tour Kirk en chasse. C'est littéralement une créature de cauchemar, hybride arachnide-crustacé géant avec une gueule de Sarlacc (Star Wars VI : Return Of The Jedi) et une langue tentaculaire et prédatrice.

A ce stade, il est évident que l'abandon de Kirk par Spock sur la "nouvelle version" de Delta Vega ne relève pas seulement de la violation de règlement, mais de l'acte criminel pur et simple. Spock a littéralement envoyé le cadet Kirk à la mort - et une mort affreuse - juste pour insubordination.

Kirk distance un peu la créature en dévalant une falaise avant de se réfugier dans un grotte de glace, dont le monstre parvient malgré tout à défoncer les parois. Encore un air de déjà vu : le Shai-Hulud poursuivant Paul et Jessica Atreides sur Arrakis (Dune) !

En fin de compte, Kirk échappe au monstre grâce à la torche que brandit un inconnu. Suspens insoutenable ! Qui est cet inconnu ? Personne ne pourrait deviner une "coïncidence" aussi invraisemblable, alors je vous aide : c'est... Spock, mais le vieux ! Spock-Nimoy quoi ! Spock-Nimoy est comme Diogène et il devait chercher… Kirk. Mais comment pouvait-il savoir que Kirk serait abandonné sur Delta Vega et tomberait sur "sa" grotte, alors qu'il s'agit d'une trame temporelle foncièrement nouvelle ? Il faut vraiment pousser très loin les chemins de la providence pour provoquer le merveilleux "hasard" de la rencontre de Kirk et de Spock-Nimoy dans une grotte perdue d'une planète Delta Vega tout aussi perdue, alors que les trames temporelles n'ont plus rien de commun. Ca s'appelle contorsionner toute loi de probabilité jusqu'à l'ineptie, sauf bien sûr à vouloir faire tomber l'univers Star Trek dans le messianisme…

Spock-Nimoy reconnait instantanément Kirk (en dépit de son recasting), et alors s'ensuit une séquence que tous les spectateurs considèreront comme culte puisqu'elle implique la légende vivante de Star Trek TOS, Leonard Nimoy himself. Spock-Nimoy raconte de façon relativement détaillée son épopée, débutée 129 ans après - à la fin du 24ème siècle - dans la trame temporelle originelle : son projet pour éradiquer la supernova Hobus, la menace pour Romulus puis finalement pour toute la galaxie, l'intervention de la Fédération trop tardive pour sauver Romulus de la destruction (ce qui ne correspond pas exactement à ce que relate le comics Star Trek : Countdown mais passons), la haine de Nero envers tout le monde et Spock en particulier le tenant pour responsable de la destruction de Romulus, l'opération pour créer un trou noir à l'intérieur de la supernova Hobus qui aura finalement avalé Hobus, Nero, puis Spock-Nimoy avant de les faire ressortir au 23ème siècle.

Immanquablement, de nouvelles invraisemblances surgissent : a qui va-t-on faire croire qu'une Supernova grossit de façon infinie jusqu'à embraser les systèmes solaires voisins puis toute la galaxie ? Si encore, il était question de GRB (Gamma Ray Burst), mais ce n'est manifestement pas le cas ici (on voit bien Romulus exploser dans le flash-back de Spock-Nimoy). Et puisqu'il est établi que le trou noir version Orci et Kurtzman fait ressortir intact dans le passé ce qu'il avale au 24ème siècle, comment se fait-il que la supernova Hobus ne soit pas ressortie de la même façon que le Narada et le Jellyfish, mais un peu avant eux pour menacer le 22ème ou le 23ème siècle comme elle avait menacé la fin du 24ème siècle ?

Après avoir raconté son histoire, Spock-Nimoy entreprend sa tâche de maître campbellien, de guide spirituel pour révéler Kirk à sa destinée. Sans toutefois tomber dans la pesanteur de l'enseignement de maitre Yoda (Star Wars), la leçon de maître Spock-Nimoy consiste à révéler à Kirk que la trame temporelle a changé, qu'il aurait dû connaître son père, qu'il n'est pas à sa place, qu'il aurait dû être capitaine à la place de Spock, et que lui et Spock devraient connaître une amitié sans égale en lieu et place d'une inimitié !

Sauf que voilà, nous sommes en 2258, ce qui dans l'univers original correspond à la seconde mission de deux ans du capitaine Pike aux commandes de l'USS Enterprise. Spock sert sous ses ordres et ne connait pas encore forcément Kirk, qui lui ne devient capitaine de vaisseau qu'en 2264 à 31 ans ! Spock-Nimoy a manifestement perdu toute notion de chronologie ! Ou alors il surestime l'ancienneté de son amitié avec Kirk, mais surtout Kirk lui-même en considérant qu'il devrait déjà être le capitaine de l'Enterprise… à 25 ans !

Coucou ! Il est l'heure de pratiquer un nouveau petit recyclage : cette fois l'une des répliques les plus emblématiques de Star Trek II : The Wrath Of Khan, lorsque Spock-Nimoy dit à Kirk : « J'ai été, et serai toujours, votre ami. » (« I have been... and always shall be your friend. »).

Spock-Nimoy donne ensuite le mode d'emploi à Kirk pour regagner la place qui lui échoit : éveiller la part humaine et émotionnelle du jeune Spock, faire naître leur légendaire amitié, et s'emparer du Jellyfish (le vaisseau de Spock-Nimoy) détenu par le Narada pour vaincre Nero. Mais surtout éviter la rencontre du jeune et du vieux Spock qui provoquerait parait-il l'anéantissement de l'univers.

Puis Kirk et Spock-Nimoy se rendent au poste de Starfleet sur Delta-Vega. C'était donc tout simple !

Ben là, vraiment, ça ne passe pas ! Nero aurait abandonné Spock-Nimoy sur Delta Vega pour qu'il puisse y "contempler" la destruction de Vulcain, ce que confirme visuellement un flashback. Or pour pouvoir assister à la destruction de Vulcain sans instruments depuis Delta Vega, il faudrait que celle-ci soit une lune de Vulcain (qui n'est d'ailleurs même pas supposée en avoir) ou au moins une planète contiguë sise dans son système solaire. Ce qui renforce un peu plus la contradiction avec Star Trek TOS où Delta Vega était une planète isolée au niveau de la barrière galactique…

Mais il y a pire. Comment se fait-il que Nero ait abandonné Spock-Nimoy sur la nouvelle version de Delta Vega alors que celle-ci accueille un poste de Starfleet ? Et par voie de conséquences, comment se fait-il alors que Spock-Nimoy ait juste attendu la destruction de Vulcain sans rien faire, et n'ait pas pris de lui-même le chemin du poste de Starfleet pour prévenir les autorités afin de faire évacuer Vulcain et sauver de la mort autant de compatriotes que possible ? Cette négligence est proprement génocidaire ! Mais il fallait absolument que J.J. Abrams réussisse à faire mourir six milliards de Vulcains par l'abject Nero, et à faire se rencontrer Spock-Nimoy et Kirk de la façon la plus invraisemblable…

Tandis que sur Delta Vega, Spock-Nimoy révèle à Kirk que la timeline a été bouleversée, à bord de l'Enterprise, le jeune Spock prend également conscience d'être dans un univers parallèle (depuis que Nero a attaqué l'USS Kelvin puis détruit Vulcain), et il l'annonce pédagogiquement à son équipage (et aux spectateurs).

Retour donc sur l'USS Enterprise, pour la seule scène interactive entre les protagonistes à peu près convaincante : McCoy reproche à Spock d'avoir abandonné Kirk sur Delta Vega, et leur opposition se fait presque aussi pittoresque que dans Star Trek TOS, mais encore une fois au moyen d'un recyclage littéral et pesant de certaines de ses répliques cultes (« bourrique au sang vert »).

Arrivés au poste de Starfleet de Delta Vega, Kirk et Spock-Nimoy tombent sur deux individus euphoriques - croyant voir débarquer la relève. Pour cette scène, le film nous livre un nouvel emprunt à Star Wars : dans l'Episode VI : Return Of The Jedi, C-3PO et R2-D2 pénètrent dans le palais de Jabba the Hutt sur Tatooine, et sont accueillis par un cerbère antipathique dans un long couloir. Dans le film de JJ Abrams, Tatooine et le palais de Jabba deviennent Delta Vega et le poste de Starfleet, C-3PO et R2D2 cèdent la place à Spock-Nimoy et Kirk, et le cerbère antipathique se transforme en un extraterrestre "sympa" de petite taille, jamais encore rencontré dans l'univers Star Trek. Ce nouveau venu occupe un peu le créneau gadget des Ewoks (Star Wars).

Le petit alien conduit donc les deux visiteurs à son collègue, qui se révèle être… Montgomery Scott ! Et lui aussi s'avère occuper le créneau gadget des Ewoks. Exit le crédible et touchant Scotty de Star Trek TOS, bienvenu au Scotty rigolo et bouffon, histoire d'arracher quelques fous-rires artificiels au public, et faire ainsi gagner quelques points au film. Mais le Scotty de J.J. Abrams n'est pas juste un rigolo, c'est aussi un chercheur-inventeur génial, alors que le Scotty de Star Trek TOS était un technicien génial - différence majeure.

Et ce nouveau Scotty s'essaye à l'un des champs de recherches les plus complexes : le transwarp beaming, une dénomination inédite pour ce qui correspond manifestement au subspace transporter (ou téléportation subspatiale en français), permettant en théorie de téléporter à travers le subspace pour une portée de téléportation de plusieurs années lumières au lieu des 40 000 km de la téléportation traditionnelle. Mais les expériences ne sont pas concluantes. Et Scotty révèle alors avoir tenté une telle téléportation sur le Beagle de l'Amiral Archer !

Il est permis d'être reconnaissant à Orci et Kurtzman d'avoir rendu un hommage explicite à Star Trek Enterprise, l'une des plus belles séries de la franchise, et dorénavant seul tronc commun entre les deux univers : l'originel et celui de J.J. Abrams. Mais était-ce finalement la meilleure façon de rendre hommage au périple de Jonathan Archer et de l'Enterprise NX-01 que de le symboliser par l'un de ses éléments les plus triviaux, Porthos ? Cette série aura consacré au beagle d'Archer l'un de ses épisodes les plus critiqués, Star Trek Enterprise 02x05 A Night In Sickbay (Mon ami Porthos). Et à moins de disposer d'une espérance de vie d'au moins 108 ans, il ne peut de toute façon s'agir ici du Porthos de Star Trek Enterprise, suggérant ainsi un goût inextinguible et obsessionnel de Jonathan Archer pour les beagles tout au long de sa vie.

En outre, il n'est pas ici très logique que Jonathan Archer soit appelé par son rang d'amiral, dans la mesure où durant le 23ème siècle, son titre le plus illustre est président - Archer ayant été président de la Fédération entre 2184 et 2192.

Spock-Nimoy révèle à Scotty qu'il réussira à finaliser dans le futur le transwarp beam, et lui en communique l'équation. Et voilà un emprunt de plus à un film antérieur, en la circonstance Star Trek IV : The Voyage Home (Retour sur Terre), lorsque Scotty dévoilait au Dr. Nichols de Plexicorp la formule de l'aluminium transparent inventée dans le futur.

Le problème est que dans l'univers originel - celui d'où vient Spock-Nimoy et qui n'est pas couvert par la nouvelle trame temporelle induite par Nero -, Scotty ne s'était jamais intéressé au transwarp beam, et que faute de fiabilité, les recherches sur la téléportation subspatiale ont été abandonnées par la Fédération, comme en témoigne l'épisode Star Trek TNG 07x22 Bloodlines (Les liens du sang) de 77 ans ultérieur à la prise de retraite de Scotty. Faut-il croire que Scotty fera aboutir cette technologie pendant sa (seconde) retraite, plusieurs années après sa réapparition dans Star Trek TNG 06x04 Relics (Reliques) et avant 2387 (voyage temporel de Spock-Nimoy) ? Pas impossible, certes, mais vraiment capillotracté.

Bref, le transwarp beam devient immédiatement opérationnel, et tandis que Spock-Nimoy demeure sur Delta Vega, Kirk et Scotty se font téléporter à bord de l'USS Enterprise en pleine distorsion. Et voilà l'occasion d'une scène histrionne comme le film de JJ Abrams les prise : Scotty se matérialise dans un cylindre transparent, puis entame un parcours de bobsleigh dans un vaste réseau de tubes connectés à une turbine hydraulique…

Et soudain, tout s'éclaircit. JJ Abrams a transformé la salle des machines de l'Enterprise en gigantesque chaudière à gaz sortie de l'enfer de Brazil uniquement pour cette scène comico-pathétique. Eh oui, nous sommes là au cœur de l'humour tarte à la crème du film. L'ensemble des vaisseaux de Starfleet depuis Star Trek Enterprise, à commencer par l'USS Enterprise de Star Trek TOS, ont toujours fait montre d'une absolue sobriété dans leurs décors, à commencer par les salles des machines qui ne laissaient la place à aucune curiosité ludique. Mais la salle des machines de J.J. Abrams est un vrai parc d'attraction tapissé de poil à gratter. Difficile de ne pas songer aux absurdes pistons géants figurant en pleine coursive du vaisseau pastiche thermian (NSEA Protector II) dans le film parodique Galaxy Quest…

Ayant gagné la passerelle, la surprise générale passée, Kirk met en application l'enseignement de Spock-Nimoy : "éveille l'humain qui est en Spock". Et pour ce faire, Kirk multiplie les provocations relatives à la disparition de la planète Vulcain jusqu'à susciter en Spock un accès de colère incontrôlée. Et fort de sa supériorité physique vulcaine, Spock terrasse littéralement Kirk, manquant de peu de l'étrangler... avant de retrouver son flegme vulcain. L'occasion pour Scotty de nous infliger une de ses répliques "sympa" : « I like this ship ». Le nouveau Scotty a décidément toujours le mot pour rire.

C'est surprenant de voir avec quelle facilité le nouveau Spock peut se métamorphoser en Sylar (Heroes) - un rôle que Zachary Quinto maîtrise manifestement bien mieux que celui de Spock. Et à vrai dire, la perte de contrôle que met en scène le film restitue bien mal la spécificité vulcaine (ou semi-vulcaine), car dans le même contexte militaire, la plupart des humains se seraient probablement mieux contrôlés que Spock face aux provocations de Kirk.

Prenant soudainement conscience de cet impardonnable manquement à la discipline vulcaine, de surcroît en présence de nombreux témoins (son père Sarek et tout le personnel de la passerelle), Spock se démet aussitôt lui-même de ses fonctions, et quitte la passerelle... laissant le fauteuil du capitaine vacant !

Et alors, toute la passerelle se sent soudain orpheline ! Que va-t-on faire sans capitaine ? Pike est prisonnier de Nero ! Spock est parti ! Et là, je vous le donne en mille - oui pas trop compliqué à deviner grâce à la troisième bande annonce du film - Kirk s'empare littéralement du fauteuil, car il connaît son destin, un destin qui lui a été révélé par son mentor et guide spirituel Spock le vieux. Et aussitôt que Kirk est assis dans le fauteuil, Uhura commence déjà à l'appeler "Capitaine". C'est ça l'autorité naturelle !

Théoriquement à ce moment là, le public doit être parcouru de frissons, car ça fait tout de même quelque chose d'être témoin de l'histoire en marche et du destin qui s'accomplit envers et contre tout dans tous les univers ! Le hic, c'est que la timarchie platonicienne ne correspond absolument pas à la nature très policée et réglementée de Starfleet. Il existe des protocoles pour tout, et bien évidemment un ordre de succession dans la chaine de commande qui va bien au delà du commandant en second (on l'a assez vu dans la franchise, y compris dans Star Trek TOS). Un "détail" que J.J. Abrams a préféré complaisamment ignorer pour pouvoir mettre en scène l'intronisation en majesté de Kirk.

C'était donc ça la stratégie de Spock-Nimoy : éveiller les émotions de Spock pour le rendre inapte au commandement et que Kirk lui pique sa place ?!!! J'admire la noblesse de la chose, on est vraiment en plein esprit Star Trek là !

Kirk est maintenant aux commandes, il va mettre en œuvre le plan infaillible de Spock-Nimoy. Et à partir de là, on peut considérer que c'est dans la poche ! L'histoire est terminée tellement elle est prévisible. Les seules surprises tiennent encore à son degré de bâclage et d'irréalisme.

Kirk fait mettre le cap vers la Terre. Voilà l'occasion pour le Chekov de révéler tout son génie stratégique (totalement absent de Star Trek TOS…) en suggérant une sortie de distorsion uniquement à proximité du satellite Titan pour dissimuler l'Enterprise derrière les anneaux de Saturne. Ce qui n'est pas vraiment conforme à la technologie de Star Trek, car en arrivant à impulsion (plusieurs minutes à plusieurs heures) sur Terre, l'Enterprise s'expose théoriquement bien plus qu'en arrivant à distorsion (quelques secondes).

De son côté, Spock a une conversation littéralement à cœur ouvert avec Sarek, où celui-ci lui révèle avoir épousé l'humaine Amanda Grayson non par logique mais par amour… Un aveu touchant mais qui sonne une nouvelle fois si peu vulcain… Manifestement, on assiste à une humanisation éclair des Vulcains, puisqu'au début du film, Sarek expliquait encore à Spock qu'il avait épousé Amanda par logique… histoire de recycler (aussi) l'une des célèbres répliques de ST TOS 02x15 Journey To Babel (Un tour à Babel).

Puis Kirk rend visite à Spock auto-confiné dans ses quartiers, lui demande de reprendre son poste de second (très généreux en effet, maintenant que Kirk lui a "piqué" son poste d'acting captain), et le convainc de la nécessité de collaborer ensemble pour vaincre Nero.

Sur Terre, même scénario, le Narada est en orbite, Nero a déployé son système de forage dans le noyau de la Terre. Mais à partir de maintenant tous les problèmes vont être résolus en un clin d'œil. La plateforme de forage n'aura aucun mal à être désactivée avant de détruire la Terre et Nero va être vaincu. Et toc. Parce que désormais, c'est le jeune Kirk inexpérimenté qui est dans le fauteuil du capitaine, et d'un claquement de doigt Spock est devenu son ami. Et ça, ça change tout ! Voilà un tandem d'un tout autre calibre que le vieux Pike et Spock. Maintenant, les "méchants" n'ont qu'à bien se tenir…

Et à côté du jeune Kirk, Wesley Crusher - le petit génie de Star Trek TNG qui sauve périodiquement l'Enterprise D - peut franchement aller se rhabiller… Le jeune Kirk est beaucoup plus fort et beaucoup plus héroïque.

Le plan consiste à se téléporter à deux sur le Narada, et vaincre tous les "méchants" d'un coup. Plus besoin de saut orbital, plus de problèmes de bouclier… maintenant ça roule. C'est juste dommage pour feue Vulcain… Mais il y a une astuce, il en faut une, sinon ça ne tiendrait pas debout. L'astuce, c'est le transwarp beam révélé par Spock-Nimoy à Scotty. Il permet de se téléporter depuis une longue distance à travers les boucliers du Narada et sans être détecté par lui. On va considérer avec un peu d'optimisme que c'est conforme au subspace transporter de Star Trek TNG 07x22 Bloodlines (Les liens du sang)…

Dans la salle de téléportation, alors que Kirk et Spock sont en partance, Uhura vient enlacer et embrasser langoureusement Spock sans pudeur, tandis que Spock l'appelle de son petit nom, Nyota. Et tout ça devant Kirk, au point de mettre ce dernier un peu mal à l'aise, ce qui ne manquera pas d'amuser le public. Il me faut toutefois reconnaître que cette scène ne manque pas d'ironie, car elle prend intentionnellement le contrepied de Star Trek TOS, Spock faisant ici figure de Casanova et Kirk de... spectateur.

Téléportés à bord du Narada, nos deux super-héros enfin alliés descendent au phaser (des phasers assez différents de ceux de Star Trek TOS) une série de Romuliens aussi simplement qu'à la baraque foraine, puis désactivent le plateforme de forage dans l'atmosphère terrestre (la Terre est sauvée), puis récupèrent Pike encore vivant mais inapte au commandement, puis mettent la main sur le Jellyfish - vaisseau construit en 2387 et avec lequel Spock-Nimoy est arrivé.

Aussitôt entrée dans le Jellyfish, l'ordinateur de bord reconnaît d'emblée dans le jeune Spock la voix de Spock-Nimoy, ce qui bizarrement ne le surprend pas plus que ça, porté qu'il est soudain par l'impression d'avoir déjà piloté ce vaisseau (alors que nul n'a parlé au jeune Spock de son alter-ego venu du futur). Euh… depuis quand les Vulcains sont-ils médiums et écoutent-ils leurs intuitions ? Ah oui, probablement depuis que Kirk a éveillé la part humaine de Spock…

Avant de décoller, Spock salue Kirk en l'appelant pour la première fois : « Jim » ! Celle-là aussi, il fallait bien la caser quelque part dans le film. Le poids du destin ne laisse décidément aucun répit…

Resté sur le Narada, Kirk finit par affronter à main nue Nero, probablement pour respecter le passage rituel de nombre d'épisodes de Star Trek TOS. Mais ici le pugilat de péplum a été modernisé à sauce des combats chorégraphiés - limite ninja - dont fut si friand JJ Abrams dans Alias. En outre, l'affrontement prend place sur des pontons suspendus au dessus du vide ! Eh oui, toujours l'influence du duel Luke Skywalker vs. Darth Vader dans la Cloud City de Bespin dans Star Wars V : The Empire Strikes Back. Kirk saute même d'un ponton à l'autre avec la dégaine des super-héros volants des comics. C'est dans cette scène que Nero prononce sa seule réplique intéressante du film (popularisée par la troisième bande annonce) : « Kirk était un grand homme, c'était dans une autre vie » (« Kirk was a great man, It was another life »), soulignant ainsi une troisième fois (après les considérations successives de Spock-Nimoy et du jeune Spock) que le film ne se situe pas dans la même trame temporelle que Star Trek TOS.

De son côté, Spock vole avec le Jellyfish au travers du gigantesque Narada, ce qui - par la proximité du référentiel - offre au film sa scène visuellement la plus starwarsienne, digne d'un raid dans les tréfonds de Coruscant (Star Wars II : Attack Of The Clones).

Finalement le Jellyfish finit non sans mal par sortir du Narada (il en aura fallu du temps - histoire que le spectacle soit maximal), et passe en distorsion. Découvrant cette évasion, Nero se met à hurler le nom de Spock, ce qui constitue une référence de plus à Star Trek II : The Wrath Of Khan, lorsque piégé dans le planétoïde Regula, Kirk hurle de rage le nom de Khan.

A cette occasion, Nero abandonne le combat et laisse Kirk indemne, alors qu'il aurait facilement pu le faire abattre par ses hommes. Pourquoi celui qui a assassiné aussi froidement le capitaine Robau a-t-il cette soudaine indulgence envers Kirk ? Serait-ce l'émoi d'avoir pour hôte un personnage culte ?

Nero lance le Narada à la poursuite du Jellyfish. Mais il ne sait pas encore qu'il est tombé dans la toile tissée par les héros. L'Enterprise de son côté suit le Narada. Finalement le Jellyfish se laisse rejoindre par le Narada assez loin du système solaire, et Spock fait crasher le Jellyfish sur le Narada. Spock, Kirk et Pike sont téléportés in extremis par l'Enterprise. Et là, le piège se referme sur Nero.

Mouvement de gros plan et de ralenti façon C.S.I (Les experts) sur un goutte de Red Matter (cf. Star Trek : Countdown) que Spock-Nimoy avait ramené avec lui du futur dans le Jellyfish (possible clin d'œil à la sphère de vie de Milo Rambaldi dans Alias), qui crée un trou noir dans le Narada (décidemment les trou noirs pleuvent dans cette histoire) et l'avale non sans l'avoir préalablement détruit (apparemment du moins, il faut espérer que Nero n'en ressorte pas un siècle plus tôt). L'USS Enterprise est à deux doigts d'être avalé aussi, mais parvient à s'en arracher. Si l'on se base sur le comics Star Trek : Countdown, il est un peu étrange que l'Enterprise soit parvenu à s'arracher à une telle gravité, lorsque au 24ème siècle, le surpuissant Narada et l'expérimental Jellyfish ne le purent. Bah ! on va dire que ce trou noir est moins puissant que celui qui a avalé la supernova Hobus, et voilà tout.

Peu avant que le Narada ne soit disloqué par le trou noir, Kirk propose à Nero de le sauver lui et son équipage en le téléportant à bord de l'Enterprise. L'équipage de l'Enterprise apparaît sidéré par la généreuse proposition de Kirk, et celui-ci s'en explique avec décontraction en déclarant qu'il faudrait introduire un peu d'humanisme dans les procédures de Starfleet. Mais Nero refuse l'assistance de Kirk pour ne pas survivre à l'échec de sa vengeance, ce à quoi Kirk répond avec nonchalance : « ok, pas de problème ». Ce qui ne manque pas de provoquer le fou-rire dans la salle.

Difficile d'en croire ses oreilles ! C'est probablement l'un des moments les plus insultants du film envers l'univers Star Trek. Les auteurs voudraient-ils nous faire croire que c'est Kirk qui a inventé à l'occasion d'une bonne blague toute la politique humaniste de Starfleet ? Et prétendent-ils réduire toute la philosophie trekkienne à ce misérable trait d'humour au terme d'une heure et demie d'absolu manichéisme ? N'est-ce pas la négation même de tout le legs de la série Star Trek : Enterprise se déroulant plus d'un siècle avant ?

Difficile d'imaginer résolution plus téléphonée, c'est essentiellement les deux Spock qui auront tout fait : le vieux pour le plan et la technologie, le jeune pour la mise en œuvre, et Kirk pour en tirer tout la gloire.

Nous voilà de retour sur Terre, où le film s'achève par l'apothéose de l'absurdité : le sacre de Kirk, non pas dans la cathédrale de Reims, mais dans le gigantesque amphithéâtre de Starfleet Academy à San Francisco : pour avoir sauvé l'univers de Nero, le cadet Kirk est directement promu d'aspirant à capitaine de vaisseau, et c'est Pike désormais dans un fauteuil roulant - clin d'œil à Star Trek TOS 01x15+01x16 The Menagerie (La ménagerie) - qui lui transfère le commandement de l'USS Enterprise. Nous sommes bien là au somment de l'invraisemblance et du surréalisme. La négation d'un corps militaire constitué ! A croire que J.J. Abrams prend Starfleet pour une armée révolutionnaire sud-américaine (façon général Alcazar ou Tapioca dans Tintin), ou encore une armée d'opérette, voire un groupe de potes. En perdant apparemment de vue qu'en 2258, Kirk n'a que 25 ans, sans compter que c'est Spock le vieux qui a livré les clés de victoire et Spock le jeune qui les a portées à exécution aux commandes du Jellyfish.

Originellement, le film de J.J. Abrams prétendait nous expliquer comment Kirk est devenu le plus jeune capitaine de Starfleet à 31 ans (ce qui était déjà peu courant). Mais ce contrat n'aura pas été rempli car J.J. Abrams tenait à faire beaucoup plus fort : il a créé une nouvelle trame temporelle pour permettre à Kirk dâ€~être bien plus super-héroïque encore en devenant capitaine de vaisseau carrément à 25 ans grâce à un prétendu exploit à portée cosmique (imputable en fait aux deux Spock) qui explose tous les principes de promotion militaire.

Et le spectateur ne saura finalement jamais comment Kirk était devenu capitaine à 31 ans dans la trame temporelle originelle - où il n'y avait ni Nero, ni destruction de Vulcain, ni blockbuster.

Bah ! la consécration de Kirk super-héros à 25 ans au lieu de 31 valait bien l'anéantissement de six milliards d'âmes (dans le sens prisé de la SF "sentient beings").

Le face à face attendu entre Spock le vieux et Spock le jeune constitue peut-être le moment le plus profond du film, et le seul à être posé comme il était d'usage dans l'univers originel. Spock-Nimoy révèle à son jeune alter-ego que la menace cataclysmique n'était qu'un prétexte pour obliger Kirk a faire naître lui-même la relation d'amitié avec le jeune Spock, et qu'en dépit de la réduction des six milliards de Vulcains à une diaspora de 10 000 survivants - à qui la Fédération a trouvé une nouvelle planète - le jeune Spock doit malgré tout rester sur l'Enterprise aux côtés de Kirk afin que leurs destins et leurs amitiés s'accomplissent - car c'est de tout le plus important évidemment.

Finalement Spock-Nimoy fait au jeune Spock le traditionnel salut vulcain, mais la rituelle formule vulcaine (« Live long and prosper ») a déjà fait place à « Good luck », comme si la vulcanité se déclinait désormais au passé en signe d'une humanité triomphante.

Sur ce, tout le monde est content, l'équipage mythique est réuni, chacun est à sa place, et le film s'achève sur un travelling de l'USS Enterprise accompagné du gimmick de Star Trek TOS « These are the voyages... » dit par Spock-Nimoy.

Rideau.

Mention spéciale pour le générique de fin, visuellement et musicalement splendide, bénéficiant d'une très belle réinstrumentation du thème d'Alexander Courage, et constituant probablement le meilleur moment du film.

Yves Raducka

News proposée par Topaze, le 05 Mai 2009.

Dernière édition le 05 Mai 2009.

 
 
SlakkHors Ligne Slakk,  le 26 Mai 2009 à 09H52'
bin ça y est je l'ai vu:

certaines choses ne tiennent pas la route mais sinon pas mal du tout...

j'ai lu une petite moitié de cette analyse ; lorsque j'aurais tout lu j'essaierai de donner mon point de vue...
TsarfleetHors Ligne Tsarfleet,  le 11 Mai 2009 à 23H39'
J'avous avoir adorer du début à la fin ce merveilleux film

Ok il y as des incohérences, mais je m'attendait à bien pire

à quand le 12ème?
IrolaanHors Ligne Irolaan,  le 07 Mai 2009 à 04H25'
Tu as raison Slakk, il était auteur pour Armageddon, mais je n'ai jamais dis qu'il était producteur pour ce film en particulier. "je n'aime rien de ce qu'il a fait" sous entendait son oeuvre en général en tant qu'auteur, directeur, producteur.
SlakkHors Ligne Slakk,  le 06 Mai 2009 à 10H07'
heu sauf erreur de ma part il ne s'agit du même producteur pour Armageddon (c'est Michael Bay pour ce dernier)...
LoyseHors Ligne Loyse,  le 06 Mai 2009 à 05H36'
Je suis de ces personnes qui ont critiqué Star Trek: Enterprise et je le maintiens! Par contre, je reconnais que comparativement aux inepties d'Abrams, ce n'est pas si grave; il y a quand même quelques bonnes choses dans cette série qui la rachètent. Quand au film de S.-F. qui sort dans quelques jours, j'avais pressenti dès le début que ce serait une erreur(et une horreur)et je suis heureuse de constater que d'autres pensent ainsi! Merci beaucoup Yves Raducka! La seule conclusion que l'on peut en tirer est celle-ci; on ne peut revenir en arrière pour faire les choses autrement!
IrolaanHors Ligne Irolaan,  le 06 Mai 2009 à 04H35'
Merci Yves Raducka, analyse très détaillée. À tel point que je n'ai plus du tout envie de voir ce film. Mais il fallait s'y attendre avec un tel producteur, je n'aime rien de ce qu'il a fait (sauf Armageddon) et j'ai toujours trouvé qu'il fonctionnait à coup de cliché et de réutilisation.

Dire que certaine personnes se sont permit de critiquer de supposés contradictions et manipulations de l'histoire trekienne dans Star Trek; Enterprise.

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