Lorsque l’on relance une franchise, les fans de l’original tendent à être choqués par la tentative d’attirer de nouveaux fans. Comment avez-vous abordé cet aspect lors de la conception du film?

J.J Abrams : Évidemment, le défi était que nous voulions apporter nos propres idées et en même temps adopter et honorer ce qui avait été fait avant. En tant que directeur de production ne connaissant pas et n’aimant pas l’Univers de Star Trek, je devais raconter une histoire pour les gens comme moi qui aiment les films amusants (sic), mais qui ne sont pas nécessairement familiers avec les détails archaïques du canon de Star Trek. Cependant, les deux auteurs sont de grands fans de Star Trek. De ce fait, je savais que serais en « sécurité » et en terrain connus. Nous avons tous fait nos devoirs avant le tournage!

Est-ce que le canon de Star Trek a aidé ou entravé votre travail de conception?

J.J Abrams : Il a été d’une grande utilité, parce qu’il définissait des paramètres de travail. Nous savions qu’en tenant compte de ce cadre, nous pourrions créer, explorer et expérimenter. C’est bien lorsqu’on vous définit une marge de manœuvre… quand on vous donne des paramètres dont vous devez tenir compte, cela vous donne des limites et vous savez qu’à l’intérieur de ces frontières la création peut être risquée.

Est-ce que votre passion pour les séries plus terre-à-terre comme « The Twilight Zone » et « The X-Files » ont influencé votre travail de création? Si oui! Dans quel sens?

J.J Abrams : Le tournage était un grand défi et il y a tant de décisions « folles » qui ont dû être prise en fonction de la nature Fiction/fantastique du film. J’ai dû utiliser tous les trucs que j’avais en réserve. Ceci inclut toutes les choses qui m’inspiraient et qui m’intéressaient. J’ai essayé d’utiliser chaque avantage que j’avais, les quels sont souvent moins nombreux que l’on aimerait. « The twilight zone » n’a pas eu une grande influence pour ce film. C’est plus l’influence de « The fringe », la série que j’ai créée avec Alex et Bob. Pour ce film, j’ai analysé les techniques employées pour la série originale de Star Trek et qui étaient pour moi le point de référence et ensuite essayé de créer quelque chose de nouveau. Certaines techniques se réfèrent directement aux styles employés dans cette série. Il y a aussi d’autres choses qui étaient « charmantes » que j’aie essayé de faire dans le film.

Comment était-ce de diriger Leonard Nimoy? Pouvez-vous donner une ligne de conduite à quelqu’un ayant joué un personnage aussi longtemps, ou l’avez-vous laissé prendre les décisions dans chaque scène?

J.J Abrams : je pense qu’il était vraiment important que les personnages ne deviennent pas des caricatures et n’apparaissent pas comme des personnifications des acteurs originaux. Les acteurs et moi avons discuté à propos des personnages, nous avons reconnu le talent de ceux qui les ont joués, mais nous avons essayé d’appliquer nos propres idées et de ne pas nous sentir contraints par les performances ou le maniérisme des acteurs originaux. Le point chaud était que même si ce film apporte ses propres idées, il fait quand même partie du continuum des séries existantes. Aussi nous avions ce défi bizarre d’avoir Leonard Nimoy jouant Spock, le Spock que nous connaissons et le jeune acteur Zachary Quinto jouant un Spock qui se devait d’être un peu plus « Rock ‘N’ Roll ». Nous avons eu à concevoir un lien entre les deux. C’est le genre de « fardeau » que le film a apporté, il devait plaire aux fans existants et en attirer de nouveau qui demanderaient une nouvelle énergie et une nouvelle attitude.

Ce film est basé sur le voyage temporel, si vous pouviez remonter le temps et changer un aspect du film, que changeriez-vous?

J.J Abrams : C’est une question piège! Je pense que la réponse est « un million de petites choses ». C’est difficile de décider d’une seule chose à changer. Ce que je vois quand je regarde le film ce sont toutes ces choses. Je pense « j’aurais pu faire cela d’une meilleure façon ». Je suis incroyablement fier du travail de chacun, mais je trouve toujours des aspects que j’aurais pu améliorer.

Auquel des personnages de la série originale vous identifiez-vous le plus et pourquoi?

J.J Abrams : Au début je n’avais aucun personnage favori, car je ne m’identifiais à aucun d’eux. Mais maintenant, je pense que c’est une question difficile parce que je crois que je les aime tous. À mes yeux, Kirk et Spock forment, d’une certaine façon, un seul personnage. Ils sont distincts et différents, mais ensemble ils forment un duo qui peut accomplir quasiment n’importe quoi, pour moi c’est une idée intéressante.

Je pense que la réponse la plus honnête que je puisse vous donner est l’Enterprise, je veux dire le vaisseau, lequel dans le film et les séries fait référence au féminin. Je pense quelle est le personnage qui maintien un tout. Tous ces personnages se réunissent, formant une famille, la famille de l’Enterprise. D’une certaine façon, je crois que le vaisseau est le plus important personnage, car il maintient tout le monde ensemble.

Qu’est-ce qui vous a fait décider à tourner un film sur la série classique et non pas basé sur DS9 ou Voyager, si le film est un succès, pourriez-vous envisager d’en produire un basé sur ces séries?

J.J Abrams : N’étant pas un fan de Star Trek, c’est probablement le dernier film que j’aurais pensé à diriger. Mais c’est de travailler à l’histoire avec les auteurs et les producteurs, en lisant le script et en ressentant toute l’excitation des personnages et de l’histoire qui m’a séduit….et convaincu que je n’avais pas besoin d’être un fan pour le diriger. Je présumais que la personne qui dirige Star Trek avait besoin de connaître et d’aimer Star Trek. J’ai découvert en lisant le script que j’étais enthousiasmé à propos du film et que si je voulais que les non-fans puissent aller le voir, peut-être n’avais-je pas besoin d’être un fan moi-même pour le diriger.

La réponse à la deuxième partie de votre question est que je ne peux penser à aucun autres film ou série. J’ai fait « mission impossible » et maintenant Star Trek, je pense que j’en ai fini avec les séries et les films des années 1960 mettant Leonard Nimoy en vedette.

La série originale n’avait pas (ou peu) d’interface tactile et utilisait des leviers, boutons et poignées sur les postes de contrôle. Les séries récentes ont modernisé les contrôles en se servant d’écrans tactiles. Pouvez-vous conserver l’aspect de la série originale et tout de même présenter ses interfaces comme étant futuristes maintenant que notre culture se sert couramment d’écran tactile.

J.J Abrams : Nous avons eu le défi de prendre une vision du futur datant de 43 ans et la transformer en vision actuelle. Je voulais que le film soit « tactile », tangible et réel autant que possible, mais en regardant nos interfaces informatiques actuelles il serait absurde de prétendre que dans des centaines d’années il n’y aura pas d’interfaces holographiques, ils sont omniprésents dans la science-fiction d’aujourd’hui. J’essaie de ne jamais laisser ce genre de chose prendre la vedette ou empiéter sur l’histoire. Nous avions aussi à tenir compte que le film commençait sur un vaisseau et se poursuivait sur l’Enterprise, lequel devait être un vaisseau de la génération suivante. J’ai essayé de faire ressembler le premier à un sous-marin, lourdaud, sombre et métallique et ensuite montrer l’Enterprise plus brillant et flambant neuf.

À quel point la court suprême (vous. Burk, Kurtzman, Lindelof, et Orci) et le reste de l’équipe de création ont utilisé le MA pour écrire et produire ce film? Considérez-vous le MA comme une source faisant autorité?

(moi, je ne sais de quoi il parle, c'est quoi la MA?)Irolaan

J.J Abrams : Franchement, je ne l’ai pas utilisée moi-même, je suis certain que les auteurs l’ont largement utilisée et peut-être nos consultants pour le film. Mais il y a de meilleures sources auxquelles se référer. J’ai toujours senti que l’équipe à qui je pouvais me fier était les auteurs et les consultants, mais pour savoir sur quoi ils se fiaient… vous devriez leurs demander.

Pensez-vous que la série originale avec ses parallèles sur la guerre froide et les Nations Unies et ses allusions aux droits civils américains à perdu toute sa pertinence en fonction de notre société plus moderne et plus tolérante. De ce fait, était-ce plus difficile d’y faire référence dans le film?

J.J Abrams : Star Trek à été créé l’époque de la guerre du Vietman, de la guerre froide et des bouleversements raciaux et sociaux. La série présentait une vision optimiste du futur qui englobait toutes les races et les cultures, elle était remarquable, si ce n’est que par son absence de cynisme. La série a été annulée après trois saisons et n’a jamais vraiment connu de succès avant sa syndication. Je pense que l’idée du premier baiser interracial, d’avoir un Russe ou quelqu’un de descendance africaine ou Asiatique à bord n’est certainement plus aussi choquant qu’elle peut l’avoir été. Je crois que ce qu’il faut retenir est le besoin qu’il faut rappeler aux gens que la collaboration…..que travailler ensemble peut importe les frontières religieuses, sociales, politiques, raciales est la seule façon que nous pourrons survivre. Je sens que ce message est aussi pertinent aujourd’hui qu’il l’était il y a 50 ans, ce qui dans un sens peut paraître tragique. Mais d’un autre côté, je crois que c’est un soulagement de voir et d’avoir travaillé à un film d’un tel optimisme et dépeignant une vision du futur, contrairement à Star Wars, Star Trek c’est nous. Cette pensée et cet optimisme a autant de valeur aujourd’hui qu’elle en avait à l’époque où Gene Roddenberry a créé cette série.