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Thème de Deep Space Nine

Thème de Deep Space Nine


Autant Deep Space Nine apporte un nouvel éclairage sur Star Trek autant ce somptueux thème est d'une rare justesse et d'un équilibre impeccable renouvellant lui aussi l'univers musical de Star Trek.
Aucun autre thème de la franchise n'irait mieux que lui sur cette série, et nous devons cette magnifique pièce à Dennis Mac Carthy.


Analyse

Commençons par la première partie, habituelle maintenant des séries. A la différence cette fois que cette partie est directement intégrée au morceau dans son entier. On la perçoit nettement, on la distingue intuitivement de la seconde partie, mais il n'y a plus de différence nette ni par un cluster ni par un accord cadentiel.
Les premières notes sont jouées par un synthétiseur, sans attaque, une plage en sol. A la différence de TNG, on commence par une note basse qui contient son harmonique supérieure, donc un sol aigu. Ce manque d'attaque de la note est renforcé par un crescendo très net. Rapidement hors tempo la quinte Ré est jouée elle aussi comme si elle appartenait au même son, nous sommes toujours dans l'univers des harmoniques, en hommage surement au premier thème, et ce symbole sonore identifie clairement la série maintenant. Rapidement encore sur un tempo andante, un cor nous joue cette phrase ascendante : Sol Ré Sol La et reste en suspention.
A ce moment là du morceau la quinte Ré est très nettement entendue par un changement de timbre, qui rappelle le son reverb de TNG, mais beaucoup plus moderne, la qualité des ordinateurs ayant très nettement évoluée au cours de ces dernières années.
Sur un crescendo, les plages harmoniques disparaissent, comme hésitantes, fluctuantes ,nous sommes toujours dans de l'intemporel, comme une fixation en apesanteur, une "dérive" musicale.
Puis reprise du thème du cor, avec des plages aigues dont nous ne retenons que le caractère particulier des sons synthétiques travaillés (bruit blanc ajouté peut etre, imitant un carillon en son continu sans attaques). Le thème se dévelloppe cependant, nous entendons Sol Ré Sol La Ré (puis en descendant) Do Si Sol Do (et ascendant) Ré Sol Sol.
Si nous optons pour un caractère modal de la pièce, alors nous avons deux accord sur un ostinato de sol, accord de sol et accord de do. Sur chaque accord nous avons la fondamentale, la quinte, la seconde (ou neuvième) et la septième. Les accords peuvent sembler tous deux fondés sur du ionien.
Les plages à la fin du thème restent en Sol mais passent dans les mediums.
Puis dans une métrique encore mystérieuse, les basses précèdent un pupitre de tubas qui précède à son tour une variation du thème et un dévelloppement par un cor avec une harmonisation à deux voix, un contrechant homorythmique Ré Do Ré Fa Sol Si Ré
Le thème lui : Ré Sol La Ré Ré Sol Si La Sol

Suit un crescendo, roulement de cymbales et une modulation en Do (avec toujours la quinte, Sol entendue aux aigus)
Le thème continue au clairon :Sol Do Mi Ré Fa Mi Fa Sol (timbale)Sol Do Mi Ré Fa Mi Do Sol Fa Do, reprise, (timbale)Sol Do Mi Ré Fa Mi Fa Sol puis résolution du thème : Do (grave) Do (aigu :saut d'octave) Si Sol Do Ré Fa Sol Do Do

Et là, seulement là, nous avons notre habituel contrechant, par tout un pupitre de cor Fa Mi Fa Sol, harmonisé a deux voix, puis un autre contrechant aux violons, il y a donc deux contrechants différents et dans un des deux une harmonisation donc trois contrechants réels. Les pupitres de cuivres et de cordes se répondent. Les cuivres sont dans les graves, le rythme est pointé croche deux doubles noire, les violons sont enjoués et vifs mais non pointés, L'un est masculin l'autre féminin si on reprend la terminologie académique.

Encore une nouveauté dans ce thème, l'ostinato de Sol a disparu pour laisser place à une basse montante, grave, tragique mais pourtant sûre : Do Mi Fa, qui laisse présager une cadence (qui redonnera la stabilité initiale), pour revenir en Do, les trois thèmes aboutissants ensemble. Ce n'est pas fini, non, les cors reviennent aussitôt jouant leur thème mais plus aigu, à trois voix cette fois, et la basse va aussi changer à la troisième cellule de la dernière variation du thème, elle remonte, elle s'accorde avec eux pour se rediriger vers une cadence, dans le but de se résoudre, donc de revenir encore à la stabilité de Do.

C'est exactement ce qui arrive très vite avec quand même un cor qui réussi à échapper à la résolution et propose un accord de quinte, il se résoud sur Sol, note du début, en proposant la quinte Ré Sol. Cela fait tout à fait penser à l'écriture en échelle que propose Pärt mais en beaucoup plus simplifié.

Le tempo ne changera pas durant toute l'oeuvre et on est loin de l'univers dansant de TNG ou du jazz futuriste de TOS. Ici, nous sommes dans un calme discordant. La métrique est incertaine car si nous sommes en 8 / 4, le thème regorge de polyrythmies cassant la mesure : triolets de noires, croches, triolets de blanches, tout est fait pour laisser au thème un aspect intangible.

Et c'est tout simplement SUPERBE

Analogie

Quand aux analogies avec l'univers de DS9, je tire mon chapeau : dès le début, il suffit de deux instruments (synthé et cor) et de deux notes : une quinte, pour nous faire comprendre que nous sommes dans Star Trek.Le thème reste donc fidèle à sa tradition de quinte depuis le début, de Courage en passant par Goldsmith.
Le tempo si lent, les notes longues de basses obstinées (ostinati), la station en orbite. La modulation en Do (accord qui contient Sol, premier ostinato) fait que comme les notes (CES notes) de la gamme, la station tourne autour d'une gravité, donc d'une planète, enjeu caché mais constemment présent de la série et du thème. Explication plus poussée :
en harmonie, science des interactions des sons entre eux dans un but esthétique, la gamme s'organise en degrés. Chaque note représente une force relative par rapport aux autres. On peut comparer ce phénomène au système solaire : toutes nos planètes tournent en fonction du soleil, mais les planètes aussi interagissent entre elles. Si on enlève Jupiter du système, beaucoup de rotations autour du soleil devront être modifiées.
Pour les sons, c'est exactement la même chose. Le premier degré de la gamme attire tous les autres, on l'appelle la tonique. Le degré fort directement après le premier est le cinquième, on l'appelle dominante. Tous les habitués de Mozart ou de blues le sentent bien. Enfin après, le quatrième degré vient, il est nommé sous-dominante. Ici, il y a un jeu constant entre I° et V° degré, donc entre les deux degrés forts de la gamme, et on notera que la note représentant le V° degré appartient à l'accord du I° degré Wink

Les différents thèmes, le cor, symbole non plus de Kirk maintenant mais de Starfleet tout entière, mais aussi, les autres organisations donc les Bajorans, incarnés au pus haut somment hierarchique sur DS9 par une femme (le thème féminin qui est en Sol, Donc on va dire note symbole de Bajor, ce même sol des basses qui domine la pièce par l'attraction dominante tonique, renvoyant sans équivoque à la relation Bajor DS9).

Les thèmes harmonisés de plus en plus nombreux et suffisament simples pour être très perceptibles, nous font penser que des relations multiples se tissent sur DS9, ce ne sont plus les personnages qui sont symbolisés par des changements de thèmes comme dans le thème de TNG mais des leitmotifs variés, des variations incessantes, davantages des dialogues dans un même univers, comme la série va nous le faire savoir très rapidement. L'important ici ce ne sont pas tellement les thèmes mais les interactions qu'ils ont entre eux, exactement comme les personnages de la série, qui vont briller davantage dans la continuité par leurs interactions que par leurs actions isolées.

Mais tout ce beau monde doit vivre ensemble et un thème grave va ramener tout le monde sur la même longueur d'onde par deux fois. Comment ne pas faire référence au commandant de DS9 ou moins spéculativement à la fédération ou plutôt la stabilité nécessaire, à laquelle tous se plient même les plus récalcitrants en témoigne le dernier cor qui enfin entre dans l'accord final.
Des alliances dificiles mais réussies, c'est ce qu'annonce ce thème. La série bien sur ne va pas nous décevoir.

Là encore, c'est une réussite totale que ce très beau thème de Dennis MacCarthy, un thème simple et très intelligent, très intelligible aussi. J'avais un vieux prof d'harmonie à la fac qui nous répétait que tous les morceaux en Do Majeur n'ont pas fini d'être composés, ce qui signifiait qu'on a beau être simple ou être compliqué, jamais toute la beauté du monde n'aura fini de croitre, et que même avec des notes d'une simplicité désarmante, l'être humain pourra toujours innover du superbe.

Finalement, comme la lenteur de ce morceau, l'humanité, avance lentement, et rien ne se fait facilement... Mais ça se fait, ça se fait... Quoi de plus beau ?

     
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Rédaction

Fiche rédigée par Archy, le 07 Mars 2008.

Dernière édition par Topaze.

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